Julia Kristeva : "L'Europe est morte, vive l'Europe!"
La question est de repenser l'identité européenne et je pense que la première chose que fait apparaître ce référendum c'est la nécessité de ne pas dénigrer les identités nationales. Je pense qu'on a trop vite fait, en France, à partir de notre version de l'universalisme de considérer que l'identité nationale est un archaïsme dangereux. Je pense que l'identité nationale est un antidépresseur qu'il faut prendre au sérieux car il ne faut pas le pousser à l'extrême comme tous les antidépresseurs il peut devenir maniaque et conduire à la guerre contre les autres et à l'intégrisme religieux, mais c'est une dimension absolument nécessaire de l'identité personnelle et des identités collectives. Mais l'Europe, parmi les autres cultures qui se partagent la globalisation, est une tradition culturelle unique par rapport aux autres car chez nous une philosophie s'est créée pour laquelle l'identité n'est pas un culte mais une interrogation. Une mise en question. Toute cette dimension de la culture européenne est extrêmement importante : problématiser les identités. Et ça nous n'arrivons pas encore à le faire parce que nous, les intellectuels et les politiques et les intervenants autour de l'identité européenne et de la politique européenne, avons oublié la dimension culturelle."