La figure qui m'avait inspirée était Simone de
Beauvoir. Je lui ai dédié la conclusion de ma trilogie Le génie féminin consacrée à Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette, ainsi
qu’un livre, Beauvoir présente. J’ai créé le prix Simone de Beauvoir
décerné cette année le 9 janvier, jour anniversaire de Simone de Beauvoir, à MahsaHamini, la jeune étudiante
Kurde dont la mort a déclenché un soulèvement libertaire en Iran.
Attendre une figure pour
« s’inspirer » me parait être une posture du vieux monde, quelque
importante qu’elle puisse être dans un contexte socio-historique. Aujourd’hui
le féminisme se conjugue au singulier, et toute femme qui se réclamerait du
féminisme – ou pas – participe à sa façon particulière à l’accélération
anthropologique en cours. Je « m’inspire » de chaque geste de liberté
qui transforme une femme. Peut-être parce que je suis psychanalyste, féministe
atypique. Et j’aimerais que l’espace politique des 10 prochaines années s’en
ressente.
La chanson féministe que je préfère ? Je
n’en connais aucune. Je suis fascinée par les musiciennes. Une pianiste de mon
âge, Martha Argerich, incarne le génie féminin dans
son interprétation de la Toccata en do mineur de Bach. Mais vous pouvez
prendre toutes ses interprétations de Bach : toutes les rencontres amoureuses,
hommes et femmes, fini la guerre des sexes, intensité, justesse, irrésistible
vitalité.