La personne au centre
Entretien avec Julia Kristeva
Propos recueillis par Georges Nivat et Olivier Mongin >>> The Individual Person at the Center (translated by Patsy Baudoin)
Georges Nivat : Revenons pour
commencer sur la pénible affaire qui a vu, en mars 2018, des journaux français
et américains faire état d’informations provenant d’une Commission officielle
des archives de la sécurité d’État bulgares, qui semblaient indiquer que vous
auriez été recrutée comme agent, dans les années 1970, par les services secrets
bulgares. Comment comprendre que ces archives aient refait surface de cette
façon, et surtout, que des journaux comme l’Obs et le New York Times aient pu les
reprendre sans aucune précaution ?
Julia Kristeva : Cette
"affaire" est importante en effet parce qu'elle révèle que
l'accélération médiatique préfère embaumer la mémoire de l'Europe totalitaire -
qui ne manque pas de resurgir sous la forme d'une revanche nationaliste- plutôt
que de s'atteler à une véritable réévaluation de ce désastre historique. J'ai
été très choquée qu’un journal comme l’Obs puisse se précipiter sur ces soi-disant révélations sans s’interroger le moins
du monde sur les manoeuvres de la police secrète bulgare. Les rédacteurs du Monde, eux, ayant repris l’information
après la publication des premiers articles accusateurs, l’ont accompagné d’un
article de l’historienne Sonia Combe, qui mettait les lecteurs en garde contre
les conclusions hâtives de ces dossiers trafiqués et falsifiés
[1]
.
L'attaque fut très brutale. Un jour,
j’ai reçu des messages d’une personne inconnue, se présentant comme journaliste
de l’Obs, me disant que j'étais l'espionne Sabine. Abasourdie, j'ai répondu que c'était sans doute une
mauvaise plaisanterie et je l’ai rejetée avec indignation. C’était trop tard,
ils allaient publier. Beaucoup
accrochent aujourd'hui leurs colères à des idéologies obsolètes, mais il est
inadmissible - dans les démocraties dites avancées - d'ignorer, et donc de
valider le fonctionnement des polices staliniennes, sous le couvert d'une
prétendue épuration-"lustration" même par les régimes post-communistes.
Soljenitsyne mettait en garde contre le système totalitaire où le mensonge,
écrivait-il, est plus pernicieux que la suppression de liberté: il imprègne
tout le lien social en commençant par aspirer, diffamer et abolir l'existence
même de la personne.
[2]
Deux « dossiers » ont
été par la suite divulgués. Celui, dont personne ne parle, m’a profondément
atteinte, transformant cette affaire rocambolesque en une blessure intime. Il
s’agit de 32 lettres, la plupart envoyées à mes parents (deux lettres de la famille
de Philippe Sollers s’y ajoutent), subtilisées par la police sans que je sache
si elles ont été extorquées à mes parents de leur vivant, ou simplement
interceptées avant leur réception. Un viol psychique, difficile à expliquer à
ceux qui n’ont pas vécu une telle effraction de l’intime infantile et familier. L’autre dossier a été monté
par des agents de la sécurité d’Etat, pas moins de 16 collaborateurs qui
prétendent m’avoir interrogée, alors que ma signature non plus ne figure nulle
part et qu’aucun de mes propos sur des sujets généraux n’est authentifié :
Aragon, le Printemps de Prague, les palestiniens... Et qu’aucune mission ou
tâche quelconque de renseignement ne m’est assignée.
Comme je l’ai dit dans des entretiens de démenti publié peu après dans le JDD
[3]
, Vanity Fair
[4]
et Marianne
[5]
, la dite affaire
intervient en 1971, l’année où Sollers et le groupe Tel Quel ont fondé le Mouvement de juin 1971, d’inspiration
maoïste fervente. Le dossier se conclut par la mention que comme espionne je
suis nulle, mais mon mari est à surveiller, ayant des relations avec les
ambassades de Chine et d’Albanie :
nous étions la première délégation d’intellectuels invitée en 1974 en Chine,
après son entrée à l’ONU. Alors que
le dossier mis au jour est de toute évidence un dossier de surveillance, ni l’Obs, ni le New York Times, n’ont remis en question leur validité. Il s'agit
d'une machination kafkaïenne où des fonctionnaires de la police stalinienne
inventaient des rapports pour justifier leur mission. Avant qu'un officier
supérieur ne conclue: "Dossier vide".
Georges Nivat : Ces pratiques étaient en effet courantes
à l’époque. Entre 1956 et 1959, j’écrivais souvent à mes parents. Beaucoup plus
tard, un Français de mes amis, souffrant d’un cancer, m’a envoyé une lettre pour
me dire : « Il faut que tu saches.
C’est moi qui traduisais toutes tes lettres en russe pour le KGB ». Malgré tout, comment
expliquer cette bienveillance vis-à-vis de formes de délation dans la presse de
gauche ?
Il est vrai qu'il n'y a pas
eu un seul mot sur cette affaire diffamatoire dans la presse de droite. Certains
nostalgiques ne se bercent-ils pas des promesses révolutionnaires de
jadis, suspicieux des
"élites", discréditant
les voies personnelles? « Elle », en l’occurrence moi, a choisi la France, donc elle est
soit une « ennemie du peuple », soit un potentiel agent du KGB
– tel serait le syllogisme de ces épigones des policiers staliniens. De prétendus sectaires réfractaires au « système »
ne cessent de revendiquer leur insoumission et endossent
une conception très mécanique, pour ne pas dire totalitaire de la liberté personnelle.
La mienne ne se réduit pas seulement à un choix ; lectrice de Beauvoir, je
l’entends comme une capacité de se transcender avec les autres : dans la
complexité de ses liens, pensées et actes. Au moment de l’élection
présidentielle, on m’a demandé dans une interview ce que je ferais si j’étais
Présidente. J’ai répondu : "Mettre
la personne au centre". Une utopie qu'on peut encore soutenir en
Europe. Pas l'ego, pas l'image, pas le pouvoir ni le vouloir d'achat, mais la
personne: nous y reviendrons souvent. Dans les débris du postcommunisme cette
parole est inaudible. Il y subsiste trop de ressentiment (au sens nietzschéen
du terme : réaction à la place de l’action, envie au lieu de désir)
vis-à-vis des démocraties occidentales.
Olivier Mongin : Aujourd’hui, on cherche les gens connus
pour les briser. C’est un phénomène
inédit. Or vous avez toujours travaillé sur l’abjection, dès l’ouvrage Pouvoir
de l’horreur
[6]
. Et dans La
révolte intime
[7]
, vous vous
interrogez sur ce nouveau système de représentations destructrices à l’œuvre
dans le journalisme.
L’hyper-connexion s’empare
de la destructivité ainsi lancée par ceux dont la paresse pernicieuse a initié
le mouvement, et la personne-cible est aspirée. On voit à quel extrémisme peut
conduire cette nouvelle forme de communion des likes, ce communautarisme des colères : une véritable
érotisation sournoise de la démolition. Dans un état de jubilation morbide, on
annule l’autre, tout simplement.
Le djihadisme répand comme
une religion politique cette érotisation de la violence, qui consiste à
mobiliser la pulsion de mort inhérente aux êtres parlants que nous sommes, et à
la conduire à la jouissance : viols et décapitations s’en suivent. Ils
revendiquent au plan politique, comme consolations, voire comme récompenses,
des frustrations et des colères. Les religions qui nous ont précédés dans la
connaissance des plis de l’âme, de ses paradis, comme de ses enfers, s’en sont
emparées pour le meilleur et pour le pire. Certains humanistes ont enjambé ces
abîmes : la mort et la mortalité, c’est tout juste bon pour les officiants
des cultes. D’autres s’aperçoivent que la pulsion de mort éveille des énergies,
et applaudissent à l’enthousiasme djihadiste ; pour regretter
l’affadissement de la foi chrétienne et humaniste. Étranges polémistes !
Il demeure cependant que la mort, la mortalité en nous (le handicap) et la
pulsion de mort qui s’empare des colères, l’angoisse ou la jubilation qu’elles
suscitent, sont renvoyées à la pathologie. Pourtant elles nous habitent.
Vous rappelez mon expérience
clinique de psychanalyste. Elle m’a fait découvrir que dès la relation précoce
mère-enfant l’abjection est présente.
Ni sujet-ni objet, mais ab-jects, les deux protagonistes du premier lien
humain, sont sous l’emprise de l’horreur, et de la fascination que j’appelle une
« abjection ». Les saints catholiques s’y connaissent. A
l’adolescence, de jeunes toxicomanes, anorexiques, casseurs, en proie à ces
motions pulsionnelles étaient conduits à la Maison des Adolescents (Hôpital
Cochin) que dirige le prof. Marie Rose Moro. Maintenant, nous avons des jeunes tentés
par le djihad. C’est pourquoi j’ai déplacé mon séminaire sur le Besoin de croire de l’université Paris 7
dans cette Maison de Solenn, à l’intention du personnel soignant.
Georges Nivat : Soljenitsyne a pris un certain temps à
comprendre la nature du régime soviétique. Longtemps, il est resté optimiste,
malgré ses déboires. Dans votre propre trajectoire, quelle a été la part de
votre croyance en la Révolution ?
Votre lecture de Soljenitsyne m’a beaucoup appris sur son arrachement au
communisme et tout particulièrement sur son immersion dans la langue russe et
la foi orthodoxe pour y parvenir.
[8]
Mon histoire est tout autre, et j’essaie de la faire comprendre dans mes
mémoires sous forme d’entretien avec Samuel Dock
[9]
. Entre une mère darwinienne et un père orthodoxe, j’ai
été élevée dans l’esprit de la discussion, et du débat. Ma révolte oedipienne
m’opposait à la foi de mon père, mais j’étais troublée par l’insoumission de
l’homme seul contre le régime dont elle témoignait Sa devise : « Sortir,
mes filles, disait-il, de l’intestin de l’enfer » (notre native Bulgarie).
Une seule façon d’y arriver, selon lui : apprendre les langues
étrangères : le russe, bien sûr, obligatoire, mais surtout le français,
puis l’anglais. La Révolution était, est toujours d’ailleurs, la Révolution française, et j’ai encore mes cahiers de
lycéenne et d’étudiante recopiant et dissertant sur Voltaire, Rousseau,
Diderot. Et Dostoïevski, bien sûr, le préféré de mon père. Il me déconseillait
de le lire pour ne pas troubler l’esprit cartésien que je devais, selon lui,
acquérir. Mes amis dissidents le dévoraient et j’ai essayé de le lire en cachette,
pour commencer. J’ai d’ailleurs été stupéfaite, en vous lisant, cher Georges
Nivat, d’apprendre que dans sa jeunesse Soljenitsyne n’avait pas lu
Dostoïevski, le trouvant « collant » ; il ne l’a découvert que tardivement.
Dans ma Bulgarie de la période du dégel, mon esprit était tourné vers le
communisme dit « révisionniste » des Lettres françaises d’Aragon et Pierre Daix : vers la
« révolution » surréaliste du langage, puis celle du nouveau roman
sur lequel j’avais commencé ma thèse de doctorat. Et c’est mon article sur le
livre d’un journaliste communiste, Albert Cohen, consacré au dégel précisément,
qui m’a valu son accueil à mon arrivée à Paris, avec seulement 5 dollars en
poche, en attendant d’obtenir la bourse qui devait me permettre de faire ma
thèse.
Georges Nivat : Plus tard, vous avez fait ce grand voyage
en Chine avec Roland Barthes et Philippe Sollers. Qu’espériez-vous y trouver et
qu’avez-vous retenu de ce voyage, à l’époque ? Ensuite vous n’avez pas écrit,
contrairement à Gide, un « retour de Chine »
[10]
…
Je m’intéressais à la
pensée chinoise, et je me suis inscrite à Paris 7 pour faire une licence de
chinois. J’étais curieuse de savoir comment la promesse communiste pouvait se
réaliser autrement qu’en Europe, dans
une tradition nationale si différente : le projet de voyage en Chine avait
pour moi le sens d’une observation ethnologique, voire anthropologique. La
déception politique n’en fut que plus grande. Ceux que nous avons rencontrés
(les révoltés étaient en prison et les universités étaient fermés)
s’insurgeaient contre le dogmatisme soviétique... avec l’argumentation et la
rhétorique des soviétiques. Nous n’avons pas pu aller au Tibet, ni rencontrer
les étudiants... Mais nos hôtes, très polis, nous ont présentés beaucoup de
femmes. À partir du taoïsme, sous l’influence des suffragettes, un féminisme
s’était amorcé en Chine, avec le mouvement du 4 mai 1919, puis avait été
développé par le Guomindang, sur lequel devait se greffer le féminisme de
Mao.
J’ai écrit à mon retour un
livre sur les femmes chinoises.
[11]
Il existait en Chine un féminisme
nationaliste bourgeois sur lequel est venu se greffer le féminisme de Mao qui
incitait les femmes à s’émanciper contre la bureaucratie du Parti pendant la
Révolution culturelle. Par « le travail », certes, et quelques « postes
de commandement », mais cela représentait une valorisation qui tranchait
avec la soumission à l’œuvre dans d’autres régimes politiques, et avec d’autres
mémoires religieuses.
Des Chinoises est mon « retour de
Chine », pas vraiment à la manière de Gide, en effet. Ce livre a marqué un
tournant : j’ai désinvesti la
politique, je me suis engagée dans la psychanalyse. Je dis bien engagée, car il y avait au départ le désir de transformer l’exil,
cette épreuve qui est aussi une chance – en ce qu’il est une redéfinition
du Soi qui risque sa solitude dans de nouveaux liens. Mais le seul engagement qui ne devait pas se figer en appartenance (à « en être), m’a
paru être la psychanalyse. C’est Philippe Sollers qui me l’a fait découvrir, en
compagnie de Nietzsche et Georges Bataille : une psychanalyse bousculée
par le surréalisme, celle de Lacan. Mais qui devait me mener à la source, chez
Freud. La psychanalyse comme transfert sur... l’ouvert. Mise en question des identités sexuelles, et des valeurs
morales, des liens et des langages, par de nouveaux investissements. Thérèse
d’Avila résume cet état d’esprit de l’exilée embrassant la psychanalyste que
j’étais : « Je regarde comme impossible que l’amour se contente de
demeurer stationnaire » (Château
intérieur).
Ce souci d’accompagner la
subjectivation, le processus de devenir soi avec l’exil de soi, s’est imposé
dans mes recherches de linguiste et de sémioticienne, avant que je devienne capable
d’accompagner mes patients sur le divan. Mes travaux ont pris d’abord la forme de ce qu’on devait appeler le
« poststructuralisme », en introduisant la structure de la langue et
des langages dans le contexte socio-historique mais en même temps et surtout
dans le contexte intersubjectif. J’ai développé par la suite une conception du sujet parlant qui n’est ni cartésienne
ni phénoménologique, mais intègre l’inconscient freudien : les pulsions
composées d’énergie et de sens, aux frontières du biologique et du psychique.
Cette refonte des catégories métaphysiques (psyché/soma, même/ autre...),
allait de pair avec la prise en considération des thèmes socio-historiques, des symptômes qui focalisaient mon
intérêt : les femmes, les personnes en situation de handicap, les étrangers,
les fragiles et les minorés. Je maintenais bien sûr des contacts avec les
dissidents de l’Est. Mais ma dissidence, ma « revolution », c’était ma recherche.
Étrangers à nous-mêmes
Georges Nivat : Vous faites le lien avec ma prochaine
question, à propos de l’étranger. Vous évoquez Saint Paul, pour souligner la
place que tient l’étranger dans sa pensée, et vous voyez le rapport à
l’étranger comme une des assises du christianisme. À quel moment votre propre étrangeté, en
France, est-elle devenue centrale pour vous?
Dès les premiers soirs de
Noël 1965, quand à la messe de minuit à Notre Dame, j’ai rencontré des français
enfermés dans leurs visons et leurs cachemires, impénétrables. D’autre part, je
croisais dans la rue et le métro beaucoup de misère, qui fuyait, se fuyait, me
fuyait. Dans ce monde, je serais toujours l’étrangère. Ce ne fut pas une
douleur, parce que dans les cours
de Barthes et de Goldmann, je me suis fait beaucoup d’amis parmi les étudiants
étrangers : l’université commençait à s’ouvrir, l’effort tendu de la
pensée précédait en quelque sorte la globalisation. J’ai écrit plus tardivement
mon livre sur les étrangers, au moment de l’émergence de la xénophobie de Le
Pen : « Nulle part on n’est plus étranger, nulle part on n’est moins
étranger qu’en France »
[12]
L’état monarchique centralisé, la République jacobine, le culte de la langue
remplaçant les cultes sacrés, ces quelques constituants parmi d’autres de
l’identité française rendent l’étranger plus étranger, sinon à tout jamais
inassimilable. Mais en même temps, le débat politique plus intense et plus
ouvert qu’ailleurs, et cet appétit de penser qui désagrège tout en ouvrant des
horizons et des utopies, font de la sécularisation à la française le lieu
propice où l’on peut penser dans ses singularités universelles, le
« malaise de la civilisation » que pressentait Freud. C’est ici, en
France et avec Sollers qui a ajouté Maître Eckhart à nos lectures de Freud, que
je me suis intéressée à la théologie.
Je me considère comme
athée. Et je dis toujours qu’il n’est pas d’humanisme qui ne soit aussi une
transvaluation permanente du catholicisme, et par extension, de la pensée
grecque et du judaïsme. La refondation de l’humanisme du XXIe n’est
possible qu’à condition de transvaluer (Umwertung
aller Werte de Nietzsche) la pensée chrétienne, en s’appuyant sur la
philosophie, les sciences humaines, la psychanalyse, avec les arts et les
lettres.
Georges Nivat : Cet intérêt pour la pensée chrétienne, et
l’orthodoxie en particulier, traverse vos œuvres. Mais vous semblez dire que
les béatitudes du Christ sont une façon de déculpabiliser la souffrance, ce qui
peut heurter certains croyants… Vous semblez parfois, également, envisager la
psychanalyse comme « supérieure » à l’expérience religieuse.
Pouvez-vous nous éclairer sur les liens que vous élaborez entre psychanalyse et
religion ?
Je ne crois pas que la
psychanalyse surplombe l’expérience religieuse, et suis désolée si j’ai pu
donner cette impression. Je ne crois pas avoir dit non plus que la foi
chrétienne se réduise à la déculpabilisation de la souffrance. Plus
radicalement, la foi peut changer la structure psychique d’une personne, et si
les sensations et les émotions, telle la souffrance, ne sont pas déniées, elles
sont susceptibles de trouver aussi d’incommensurables sublimations. Quant à la
souffrance elle-même, il me semble que l’orthodoxie accorde une place plus
importante que le catholicisme et le protestantisme à la kénose, ce temps de la mort du Christ avant la résurrection, qui
invite le croyant à une expérience de la mort et du vide à nulle autre pareille.
Pourtant, tout en étant athée, l’expérience de la psychanalyse m’y donne accès lorsque
je lis Dostoïevski ou Jean de la Croix, et puis sobrement dans mes épreuves ou
celles de mes analysants.
Je tiens beaucoup à revenir
sur l’événement décisif qui s’est produit en Europe et nulle part
ailleurs : nous avons rompu le fil avec la tradition. Mais j’essaie, à
partir de cette rupture, d’en donner une interprétation qui puisse éclairer
l’internaute consommateur du XXIe siècle. Peut-être y aura-t-il une
résurgence religieuse, ou un pacte écologique qui inversent les tendances à
l’automatisation et à la dévastation ? Mais force est de constater que la
rupture avec la tradition est bel et bien là, soutenue par l’essor technique et
le déclin des institutions.
Comment
répondre à cette humanité en danger sans un recours à la foi, comme le
préconisait le célèbre débat de Ratzinger, Böckenförde et Habermas de
2004 ? Mais quelle « foi » quel « lien unifiant », quelle
« conscience normative » face aux milliards d’egos animés d’une volonté de puissance sous l’emprise du spectacle
et de la finance ? A partir de la recherche en psychanalyse j’essaie de
remonter aux fondamentaux du lien hominien, parmi lesquels : le désir avec
ses catastrophes et l’angoisse du vide ; le besoin de croire ;
l’investissement d’idéaux.
« J’ai cru et j’ai
parlé » ainsi Saint Paul reprend-il le Psaume 116. Deux expériences
confrontent le psychanalyste à la rencontre de ce « j’ai cru » avec ce
« j’ai parlé ». — Le sentiment
océanique que Freud repère dans la symbiose mère-enfant : plénitude
mais aussi engendrement. Et l’identification
primaire avec le père aimant, « père de la préhistoire
individuelle » qui reconnaît le sujet en voie de construction, aurore de
l’idéal du moi : la foi chrétienne ne célèbre-t-elle pas ce père
aimant ? Cet « investissement réciproque » (le terme remonte à la racine sanscrite *kred des langues indo-européennes, d’où le credo latin), est pour la psychanalyste que je suis une dimension
anthropologique universelle.
[13]
Georges Nivat : La kénose est importante dans
l’orthodoxie, mais le moment le plus fort pour le croyant, c’est Pâques. Ce
n’est pas la mère océanique, ni le père aimant, mais la communauté des
croyants, que Tolstoï décrit très bien dans Résurrection
[14]
.
Julia Kristeva :
Dans La haine et le pardon
[15]
, j’insiste aussi bien sur l’exubérance intime
de la joie orthodoxe qui ne représente pas, mais accueille dans
le registre mystique pré-verbal du sensible, jusqu’à l’excellence spirituelle
de l'hésychasme ; que sur les paradoxes du Per Filium et du Deus
absconditus, qui fait de l’homme orthodoxe unifié à lui un homo
abscondidus. On connaît les pièges de ces profondeurs qui peuvent alimenter
aussi bien le nihilisme que la révolution. Soljénitsyne lui-même relève le « pathétique
des éléments » (pathos stihii) dans l’orthodoxie. Celle-ci n’a pas
eu le moment aristotélicien de Saint Thomas, le débat avec Duns Scot et l’émergence
de l’ecceitas et caetera. Le lien orthodoxe l’emporte sur la kénose,
mais la libre singularité me semble toujours en souffrance. La révolution
matérialiste qui lui succède et l’accompagne aujourd’hui s’est faite « à
la païenne », et elle n’a envie que de basculer dans l’économie du marché,
alors que c’est la résurrection de l’Unique que visent en principe les
mouvements d’émancipation issus de l’humanisme chrétien.
La synthèse féministe
Olivier Mongin : Vous avez publié en 2015 un ouvrage
sur les femmes, rédigé en collaboration avec Catherine Clément, Le féminin et le sacré
[16]
.
Comment est né ce livre ? Comment est-il lié au reste de votre
œuvre ?
Julia Kristeva : « Le féminin » est un thème essentiel
dans la vie de chaque femme. Notre
révolution, dans le sillage de Mai 68, ce troisième temps du féminisme moderne,
après les suffragettes et Simone de Beauvoir, essaie d’en sonder les
transformations sous les pressions transhumanistes du troisième millénaire.
Dans ma conférence sur Le féminin au 51 congrès de l’Association internationale de psychanalyse (Londres, 24
juillet 2019), j’appelle le féminin « le boson de l’inconscient ». En
effet, à l’époque où les identités sont en crise et se délitent, il ne s’agit
guère d’essentialiser le féminin, comme l’avaient cru certaines féministes.
J’interroge le féminin au singulier, dans l’unicité de la personne femme, mais
aussi dans le singulier de l’homme - car il existe un féminin de l’homme. Et
j’essaie d’aborder la spécificité de jouissance, ainsi que la créativité
féminine particulière, d’où l’hyperbole génie
féminin.
[17]
Dans notre correspondance avec Catherine
Clément, le thème de la jouissance nous a conduites au religieux et au sacré.
Au-delà du plaisir, la jouissance dénature la sexualité sans la désexualiser, car
elle l’ouvre à la parole de soi et de l’autre et en ce sens les transcende :
correspondance et communion avec l’altérité et « la chair du monde »,
l’écriture de Colette en témoigne. Nous avons aussi beaucoup échangé sur la maternité, dont le féminisme beauvoirien se méfie en n’y voyant
qu’une contrainte imposée par le patriarcat et les phallocrates. Catherine
insiste sur l’Inde, et le bouddhisme, et j’ai préféré la mystique chrétienne,
ainsi que le rôle charnière de la Vierge, passerelle entre le corps et
l’esprit.
Dans ma recherche sur ce
que j’appelle la reliance maternelle
[18]
,
je constate un érotisme maternel, qui
côtoie la sexualité de l’amante, mais
se déploie dans la passion de la mère :
la grossesse comme « état d’urgence de la vie », où l’enceinte se replie
dans une intimité au risque de la dépersonnalisation, (dont témoignent les
peintres des Madones à la
Renaissance). Avant de briser le narcissisme et d’établir la rencontre avec le
premier autre – bien plus altérant que la fusion avec le partenaire
amoureux, l’Infans. Il va accéder à
la « langue maternelle », étayé par la capacité de la mère de jouer
avec le langage comme si c’était... un mot d’esprit - mélange d’énigme,
frustration, retrait, déception... et re-création du message maternel par
l’initiative laissée à la créativité de l’enfant.
Délicieux et éprouvant
mélange, cette reliance maternelle est indispensable au pacte social, qui
cependant en méconnaît la complexité. « Que veut une femme », demande
encore Freud à Marie Bonaparte, en se doutant qu’au-delà du désir, le vouloir féminin, ses idéaux et ses réalisations sont à venir.
« Eternelle ironie de la communauté », diagnostiquait Hegel. Certes, en
ce sens qu’une femme est étrangère au code phallique, avec lequel elle n’est
pas moins capable de jouer. Pour transmettre, à travers les codes, la chair des
mots : leur latence sensuelle, leur potentialité créatrice.
La liberté des femmes est
encore en question aujourd’hui, et de nouvelles façons. Les revendications et
les réussites féministes mettent beaucoup d’hommes en difficulté : seraient-ils en train de devenir le
deuxième sexe ? Simultanément, d’autres mâles abréagissent leurs angoisses
par des maltraitances et abus sexuels et sexistes. Une femme meurt tous les 3
jours sous les coups de son conjoint en France. Le mouvement #metoo a donné la
parole aux victimes et désormais la société entière est attentive à ces
délits. Mais la culpabilisation des hommes et la banalisation des relations ne
devraient pas donner raison à Alfred de Vigny prophétisant sur « les deux
sexes, mourant chacun de son côté ». Quand l’hétérosexualité n’est plus le
seul, ni le plus sûr moyen de reproduction, les PMA et les GPA sont en train
d’être légalisés. Et le couple hétérosexuel, avec ses fragilités et ses
épreuves, bien que vedette des « opéras de savon » américains
télévisuels globalisés, et foyer des fantasmes hétéro et homo-sexuels,
redevient LE problème.
[19]
Tant que la famille reste le coeur du lien social, les métamorphoses de la
parentalité dépendent de notre capacité de penser les deux érotismes masculin
et féminin. Et la psychanalyse s’affirme comme le lieu privilégié de cet
ajustement de ces nouvelles intimités.
Le roman comme écriture du
tremblement
Georges Nivat: Quelle
est la liaison entre vos romans et votre recherche ? J’ai interrogé
l’ordinateur de l’ENS. Julia Kristeva : chercheuse, philosophe, mais pas un
roman. Or en lisant Thérèse mon amour
[20]
,
on est frappé par votre pouvoir de vous dédoubler, d’ajouter une fiction à
l’histoire de Thérèse, y compris avec des épisodes érotiques. À quoi ce
dédoublement correspond-il ? À l’échange entre la personne sur le divan et la
personne derrière ?
À en croire l’ordinateur de l’ENS, je
n’ai pas l’imaginaire qu’on attend d’un normalien ou d’une
normalienne ? Un compliment, je présume.
L’écriture s’est imposée à
moi pour tenir debout, pour survivre aux chocs existentiels et psychiques, une
continuation de l’analyse par d’autres moyens. Mon père a été assassiné dans un
hôpital en Bulgarie, où on menait des expérimentations sur des vieillards. On
n’a pas pu l’enterrer correctement car les tombes étaient réservées aux
communistes, pour éviter les attroupements religieux. J’ai proposé de lui
acheter une tombe en dollars, mais on m’a répondu que je devais mourir d’abord.
La seule parole possible dans ce deuil m’a paru le polar métaphysique, douleur
et distance, Le vieil homme et les loups
[21]
.
Mes romans ne visent pas à
un rang dans la virtuosité des lettres françaises. Ce sont des appels d’être,
en survie, quand la pensée ne se suffit pas à elle-même, mais s’adjoint l’a-pensée
de la fiction
[22]
. Et le
langage comme le récit deviennent un support de déchirures.
La psychanalyste que je
suis et que représente le personnage de Sylvia Leclerc ne peut ni mettre
Thérèse sur le divan et lui appliquer des interprétations « psy », ni
prendre la pause de ces romancières d’autofiction, qui présentent leur fantasme
comme une biographie. Ni biographie de la sainte (quelle prétention !), ni
essai qui la « comprend » dans les grilles d’un modèle. J’ai voulu
tisser un dialogue entre la femme du 3eme millénaire que je suis avec la
culture de notre époque, et la lecture que je fais de Thérèse telle qu’elle se
donne à moi dans ses écrits. Dialogue infini, qui m’a pris dix ans de
cohabitation avec la carmélite et une écriture difficile à arrêter.
Georges Nivat : Mais le
lecteur prend votre récit pour une réalité. La mosaïque de faits biographique
et de documents compose bien une vie de Thérèse, un livre magnifique, une sorte
de thriller mystique….
Peut-être pas la même vie
de Thérèse que celle écrite par un(e) autre écrivain(e), ou celle que croit
découvrir l’étudiant de l’ENS en lisant seulement les écrits de Thérèse...
Selon certaines sœurs, elle se flagellait avec des orties sur ses blessures.
Est-ce que c’est vrai? Est-ce que ses compagnonnes ont livré ses témoignages
pour mieux la sanctifier ? Mon personnage s’interroge. Le roman met en
mouvement des représentations historiques aussi bien que des lectures interprétatives.
Sylvia Leclercq n’est pas
Julia Kristeva. Un personnage n’est pas un univers. Les universitaires deviennent
un univers quand ils se fondent dans le monde de leur discipline. Mais les personnes sont des multivers comme les portraits de Picasso. La pluralité de facettes
traduit la vie de l’Esprit. C’est cette vie que j’essaie de transmettre. Qu’un
psychanalyste prendrait pour un vrai symptôme, 700 pages, vous vous rendez
compte, interminable proximité avec le féminin et la foi ! Avec le féminin
de la foi ? Le roman comme tremblement entre les deux...
Le multilinguisme, avenir de l’Europe ?
Georges Nivat: Au sujet
des multivers vous vous êtes beaucoup intéressée aussi à la diversité des
langues. Dans quelle mesure le multilinguisme est-il un remède pour l’Europe et
ses difficultés actuelles ?
Je suis une européenne de
naissance. Toute ma vie, j’ai entendu de mon père qu’il n’y a qu’une culture,
l’européenne. Aujourd’hui, l’Europe est menacée d’éclatement entre
souverainistes et progressistes, libéraux et écolos, la situation est pour le
moins chaotique. Mais sans l’Europe, ça risque d’être le chaos, le vrai. Parce
que l’Europe est le contrepoids, y compris dans sa fragilité même, entre une
Amérique auto-suffisante, une Chine qui se durcit et un Moyen-Orient de plus en
plus conflictuel.
L’atout majeur de l’Europe,
c’est la notion de « personne », qui nous mobilise aujourd’hui. Elle
culmine dans la Déclaration des droits de
l’homme, mais on oublie souvent que cette suprême valeur humaniste remonte
à une longue mémoire, dont j’évoque souvent la source biblique, « Eye
asher eye », (Exode 30, 14) repris par Jésus (Jean, 18, 5) : une
identité irreprésentable, éternel retour sur son être même. Au dialogue
silencieux (« deux en moi » de Platon) ; au voyage de Saint Augustin, (In
via in patria). Et surtout à la singularité (ecceitas) de Duns Scot dans son débat avec Thomas d’Aquin... Je ne
saurais énumérer toutes les déclinaisons de cette identité européenne paradoxale : non pas un culte au nom duquel les bonnes
consciences se livrent des guerres fratricides, mais une mise en question perpétuelle. Il existe une identité, la
mienne, la notre, mais elle est constamment reconstructible à l’encontre des
certitudes, un inlassable amour du point d’interrogation, condition de
créativité.
Olivier Mongin : Mais le
modèle des Lumières ne fonctionne plus…
Parler de « modèle des Lumières » est un schéma assez
caricatural, les Lumières nous ont légué un foisonnement splendide, que nous
n’avons pas fini de réevaluer : à la fois Diderot-Rousseau-Voltaire, mais
aussi le Marquis de Sade, Émilie du Châtelet, Madame de Montespan et Madame de
Pompadour... À la rencontre interreligieuse d’Assise, 2011 convoquée par Benoit
XVI, pour la première fois avec la participation de non croyants, que je
représentais, j’exposais Dix principes
pour l’humanisme pour le XXIe siècle.
[23]
Le Pape l’a accueilli avec ces mots : « Nul n’est propriétaire de la
vérité », qui nous ont conduits à créer le projet Montesquieu au Collège
des Bernardins. Montesquieu, fondateur de la pensée politique moderne, ou Machiavel,
sondeur des insoutenables passions ? Nous essayons de continuer le
débat : comment « ça fonctionne » au présent ?
Je comprends l’inquiétude d’Olivier Mongin, et j’interroge pour ma part
l’échec de l’humanisme face aux deux piliers de l'architecture psycho-sociale
et politique de l'ère numérique que sont l'étranger et la transcendance.
Les étrangers que le nationalisme craint pour de vrai ou
utilise en bouc émissaire de ses défaillances internes. La transcendance que
la gestion technique de l'état nation a du mal à traduire, et échoue en
conséquence à accompagner efficacement pour former les citoyens-internautes
dans leur besoin d'idéaux, besoins de croire qui demeurent un constituant
anthropologique universel.
L'Etat-nation est-il encore le contenant optimal de cette nouvelle
humanité aspirée par « un pays qui n'existe pas » ? Ma réponse
est « oui » ; la nation est un antidépresseur, à
condition de se relier, mais à quel prix ? - aux ensembles supérieurs,
régionaux et culturels (l'Europe par exemple). Un antidépresseur qui
ne peut plus se passer du « genre humain ». Mais se doit, avec cela,
de reprendre, et interpréter la
mémoire des religions constituées, aussi bien que de refonder l'humanisme
universaliste lui-même, qui s'en est séparé, qui les interroge et
s'interroge. L' «étranger »,
qui fut l' «ennemi» dans les sociétés primitives, peut-il disparaître dans les
sociétés modernes ? » Cette étrangeté essentielle que les diverses
variantes de la sédentarisation - alternant « ensouchement » et
exils -, avaient plus ou moins cicatrisée, la globalisation livrée au virtuel
la réveille brutalement. Dès que l'homme se révèle étranger, c'est à dire
en quête d'un pays qui n'existe pas, se pose la question inéluctable de l'universalité
transcendante à travers ou par-delà le groupe, la famille, le clan, le
« système », la nation. Garde-fou contre l'absolutisme nationaliste,
et prophétie des temps modernes ? La Laïcité française conserve la
dissociation entre d'une part l'homme universel naturel (c'est à
dire pas d'essence « divine », comme le veut la Déclaration
américaine) et d'autre part, le citoyen national ; mais
elle réduit progressivement ce dualisme en garantissant la diversité
des expériences religieuses dans la sphère privée, en développant et
actualisant les droits universels
de l'homme, basés sur le triptyque : liberté, égalité, fraternité.
De longues luttes ont
fini par y inscrire l'égalité, voire la parité, entre hommes et femmes, et plus
récemment la reconnaissance des genres et du mariage pour tous. Mais il ne suffit pas de faire de
« nos valeurs » une liste de prescriptions morales. Il importe de les
étayer par les récits des combats qui ont été menés dans
l'histoire d'une nation en mutation perpétuelle, pour que la liberté,
l'égalité et la fraternité obtiennent du sens pour
ceux qui en manquent. Et ce n'est que le premier pas. Pour refonder l'ambition
universelle de l'humanisme, il importe que ces valeurs s'incarnent dans
l'accompagnement personnalisé des étrangetés globalisées de chacun.
J'ai la faiblesse de croire que le développement des sciences humaines et notamment de la psychanalyse – qui ne cessent d'approfondir la connaissance de la vie psychique – contribuent à la refondation de l'humanisme dans sa visée universaliste. La psychanalyse n'est pas un substitut de la religion. Freud ne détient pas la paternité de l'inconscient, la psychanalyse ne prétend pas non-plus que « tout est sexuel ». Elle ne propose ni modèle, ni une « conscience conservatrice » à l'encontre de la ferveur religieuse, ni une corrélation entre foi et raison. En fait, la psychanalyse découvre que l'étrangeté radicale, constitutive de nos identités, est transférable. Et elle repère la transcendance dans le besoin de croire qui sous-tend le désir de savoir. Qu'est-ce que « transférable » ? On appelle transfert le lien qui s'établit entre l'analyste et l'analysant, « grâce auquel nous apprenons que parfois ce que nous croyons nôtre nous est étranger, et que ce que nous croyons étranger est nôtre parfois ». C’était la définition de Dieu par Saint Augustin.
Julia Kristeva
[1]
Sonia Combe, « L’aura de l’archive policière
est telle qu’on en oublie qu’elle peut aussi être source de
désinformation », Le Monde, 4
avril 2018.
[2]
Nous signalons quelques articles bulgares qui ont
protesté contre la complicité de la Commission avec la police
stalinienne : https://www.ploshtadslaveikov.com/yuliya-krasteva-i-skritoto-pod-ezika-na-ds-agentite/
Et http://www.kristeva.fr/kultura-koprinka-tchervenkova.html
[3]
Julia Kristeva et le fantôme de
Sabine, Le journal du dimanche du 22 avril 2018, http://www.kristeva.fr/2018/le-journal-du-dimanche-22-avril-2018.pdf
[4]
Julia Kristeva, « Une autre vie que la
mienne », Vanity Fair, 20
juillet 2018, paru en anglais dans Los
Angeles Review of Books : http://blog.lareviewofbooks.org/essays/just-life-julia-kristeva-responds/
[5]
Julia Kristeva, La Bulgarie, l'Europe post-totalitaire et
moi, Marianne du 7 septembre 2018
sur le site de Julia Kristeva : http://www.kristeva.fr/marianne_7_septembre_2018.html et en anglais dans Los Angeles Review of
Books https://thephilosophicalsalon.com/bulgaria-post-totalitarian-europe-and-me/
[6]
Julia Kristeva, Pouvoirs de l’horreur. Essai sur l’abjection, Paris, Tel Quel,
1980.
[7]
Julia Kristeva, La révolte intime (Discours direct), Paris, Fayard, 1997.
[8]
Julia Kristeva, « Prison, écriture, combat » ou «
La langue disruptive et la beauté en question »
http://www.kristeva.fr/soljenitsyne.html
[9]
Julia Kristeva et Samuel Dock, Je me voyage, Paris, Fayard, 2016
[10]
André Gide, Retour
de l’U.R.S.S, Paris, 1936.
[11]
Cf. J. Kristeva, Des Chinoises, Éditions des femmes,1974, nouvelle édition Pauvert,
2001
[12]
Julia Kristeva, Étrangers à nous-mêmes, Fayard, 1988.
[13]
Cf. J Kristeva, Cet incroyable besoin de croire, 2007, 2eme édition Bayard, 2018
[14]
Léon Tolstoï, Résurrection,
Paris, Folio classique, préface de Georges Nivat, 1994.
[15]
Julia Kristeva, La haine et le pardon : Pouvoirs et limites de la psychanalyse III,
Paris, Fayard, 2005, p.47-86
[16]
Julia Kristeva et Catherine Clément, Le
féminin et le sacré, Paris, Albin Michel, 2015.
[17]
J Kristeva, Le
Génie féminin : Hannah Arendt, tome 1 (Fayard, 1999), Melanie Klein, tome 2
(Fayard, 2000), Colette, tome 3 (Fayard, 2002)
[18]
J Kristeva, La
reliance maternelle, in Pulsions du
temps, Fayard 3013 p. 197-214
[19]
Cf. Julia Kristeva, Métamorphoses de la parentalité,
http://www.kristeva.fr/metamorphoses.html
[20]
Julia
Kristeva, Thérèse mon amour, Paris,
Fayard, 2008
[21]
Julia Kristeva,Le vieil homme et les loups, , Paris, Fayard, 1991.
[22]
Cf. J. Kristeva, La révolte intime, Fayard, p.401 - 405
[23]
Cf. J Kristeva, Dix principes pour l’humanisme
pour le XXIe siècle. in Pulsions du temps, op.cit. 730- 733
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