|
POUVOIRS DE L'HORREUR
Essai sur l'abjection
|
Pouvoirs de l'horreur Entretien avec Julia Kristeva
Par Gilles Lapouge, France Culture 20.06.1980, rediffusé dans Les Nuits de France Culture.
|
Pouvoirs de l'horreur
Pourquoi l'abjection ? Pourquoi y a-t-il ce quelque chose qui n'est ni sujet, ni objet, mais qui, sans cesse, revient, révulse, repousse, fascine ? Pourquoi de l'abject ? Ce n'est pas de la névrose. On n'entrevoit dans la phobie, la psychose. Il s'agit d'une explosion que Freud a touchée mais peut-être aussi évitée, et que la psychanalyse, si elle veut aller plus loin que sa simple répétition, devrait être de plus en plus pressée d'entendre. Car l'histoire et la société nous l'imposent. Dans l'horreur. Les rites, les religions, l'art ne feraient-ils rien d'autre que de conjurer l'abjection ? D'où l'étrange révélation de la littérature : Dostoïevski, Lautréamont, Proust, Artaud et, de façon sans doute hyper symptomatique, Céline. Le voici maintenant cet habitant des frontières, sans identité, sans désir ni lieu propres, errant, égaré, douleur et rire mélangés, rôdeur écoeuré dans un monde immonde. C'est le sujet de l'abjection.
JK
|
|
Julia Kristeva, Pouvoirs de l'horreur : essai sur l'abjection, Édition Seuil 1980, Collection : Tel Quel
|
|
|
|