Julia Kristeva | site officiel

 

DISTINCTION
Le prix Simone de Beauvoir remis à Giusi Nicolini, la maire de Lampedusa
Hélène Gully — Libération 14 janvier 2016

 

Prix Simone de Beauvoir 2016
prix Beauvoir
Prix Simone de Beauvoir 2016

Remise du Prix Simone de Beauvoir 2016 à la Maison de l'Amérique Latine à Paris, le 14 janvier 2016. Sylvie Le Bon de Beauvoir, Giusi Nicolini, Irina Bokova, directrice générale de l'UNESCO et Julia Kristeva

 

Créée en 2008 par Julia Kristeva, cette récompense met à l'honneur des personnes qui luttent pour promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes dans le monde. La récipiendaire de cette année est Giuisi Nicolini, maire de Lampedusa depuis 2012, qui se démène pour accueillir les flux de migrants dans la dignité.

Le prix Simone de Beauvoir remis à Giusi Nicolini, la maire de Lampedusa
«Là-bas, on l'appelle la lionne», raconte Julia Kristeva, écrivain français et fondatrice du prix Simone de Beauvoir, à Libération. Il s'agit de Giusi Nicolini, 55 ans, 9e lauréate de la récompense, remise jeudi à la Maison de l'Amérique latine.

Son nom est associé à une île, Lampedusa, dont elle est la maire depuis 2012.

Cette blonde charismatique à la silhouette élégante, vêtue de noir mais très solaire, reste à l'aise avec l'émotion qui envahit sa voix. «La migration est la méthode la plus ancienne et la plus efficace pour survivre, dit l'Italienne, dans sa langue natale. Et à Lampedusa, on expérimente à quel point les droits humains sont bafoués, ceux des migrants et ceux de la population locale».

«La politique européenne est hypocrite»

Le prix Simone de Beauvoir est «la reconnaissance d'un combat» et la preuve que certains entendent ses appels à l'aide. Son île, un morceau de terre aride et désertique à moins de 150 kilomètres des côtes tunisiennes, accueille des centaines de migrants, parfois morts, parfois vivants. Le 3 octobre 2013, près de 366 corps échouent sur les plages de l'île. Les médias diffusent la photo d'une Giusi Nicolini en larmes, révoltée de vivre dans une île où luttent les flux incessants de migrants et les rigides politiques d'immigration de l'UE. «La politique européenne est hypocrite, elle est bien plus attentive à protéger les frontières qu'à construire un projet commun solidaire et humain. Ce n'est pas avec la destruction de l'Europe que les pays vont se protéger.»

 

Pour Julia Kristeva, Giusi Nicolini est la femme «qui a réussi à émouvoir José Manuel Barroso [ancien président de la Commission européenne, ndlr] et le pape.» Et pour Madeleine Gobeil, directrice des Arts et de la Vie culturelle à l'UNESCO et membre du jury du prix Simone de Beauvoir, elle est une «Antigone des temps modernes» dont «le stoïcisme est exemplaire». Très dynamique, elle gère une actualité «à la fois microscopique et immense dans un contexte de mondialisation de l'indifférence», résume Julia Kristeva.

A la Maison de l'Amérique latine, des personnalités sont venues l'applaudir, comme Irina Bokova, la directrice générale de l'UNESCO, l'historien Benjamin Stora ou encore Smaïn Laacher, sociologue français. Et la présidente de l'Université Paris-Diderot, Christine Clerici de conclure : «Le prix Simone de Beauvoir prend une dimension nouvelle, celle de la lutte d'une femme pour le respect de l'humain.»

Hélène Gully

Libération 14 janvier 2016

 

 

 

 

twitter rss

 

JK