
                
                  
                
                La rencontre de la culture occidentale et de la
                  Chine moderne : un dialogue est-il possible ?
  
                
                Julia Kristeva
                  
                
                
                  
                
                
                  
                      | 
                  
                  
                    | 
                       Chu Ta (1626-1705  ), Branche de magnolia 
                     | 
                  
                
                 
                
                   
                
                Merci à la
                  Fédération européenne de Psychanalyse, et merci au Comité Chine de l’IPA de
                  m’avoir invitée à réfléchir à la possibilité pour la psychanalyse freudienne
                  d’aller à la rencontre de l’homme et de la femme chinois. Mon livre Des Chinoises (publié aux Editions des
                  femmes, en 1974, et réédité aux Editions Pauvert en 2010) ainsi que plusieurs
                  conférences que j’ai données à Pékin et à Shanghai, dans le cadre d’une mission
                  sur le « message culturel de la France », sont sans doute à l’origine
                  de cette invitation.
  
                
                 
                Je vous dois
                  cependant un aveu : mes quatre années de Licence de chinois ne font pas de
                  moi une sinologue (je ne suis donc pas une « spécialiste » de la
                  Chine), et, en tant que psychanalyste, je n’ai eu à accompagner que deux
                  analysants chinois : un homme et une femme nés en France de parents
                  chinois, parfaitement occidentalisés, ne parlant qu’occasionnellement le
                  mandarin, ne partageant que partiellement les traditions culturelles chinoises,
                  et donc représentant davantage ces personnalités polyphoniques produites par la
                  globalisation que la « Chine moderne ».
  
                
                 
                Si j’ai néanmoins
                  accepté de répondre à votre invitation, malgré ces contacts fort modestes avec
                  le continent chinois, c’est d’une part parce que la sémioticienne, la
                  philosophe, la psychanalyste et la femme que je suis n’ignore pas l’immense
                  défi que représente le face à face de la culture européenne et de la culture
                  chinoise – avec et par delà la compétition économique, financière,
                  militaire et politique –; et d’autre part, parce que je partage la
                  conviction que la psychanalyse occupe une place spécifique, peut-être unique,
                  en tout les cas décisive, quant à la possibilité d’un réel dialogue entre ces
                  deux cultures.
  
                
                
                   
                
                
                  
                  I.        
                  
                  Moïse,
                    la Chine et la psychanalyse.
                    
                  
                
                   
                
                Blaise Pascal
                  (1623-1662) avait déjà, au 17e siècle, attiré l’attention sur
                  l’inévitable rencontre entre nos deux mondes, lorsqu’il écrivait dans ses Pensées: « Lequel est le plus croyable des deux, Moïse ou la
                  Chine ? Il n’est pas question de voir cela en gros ; je vous dis
                  qu’il y a de quoi aveugler et de quoi éclairer. Il faut mettre papiers sur
                  table. » (Pensées, édition
                  Brunschvicg, § 593).
                  
                
                 
                Pascal pensait-il
  à la parole d’Elohim s’adressant à Moïse (Ex, 3 :14) et reprise par Jésus
                  (Jn, 8 :24) : « Je suis (celui) qui
                  est/sera » ? Avec la « rupture du fil de la tradition
                  religieuse » (selon Tocqueville et Arendt), dans le sillage des Lumières
                  et à la suite de Kant, la psychanalyse freudienne reprend et retourne cette
                  affirmation en : « Qui suis-je ? ». Telle est en effet
                  l’interrogation qui porte l’analysant sur le divan de l’analyste, à la
                  recherche d’une singularité créative.
  
                
                Mais il faut
                  d’emblée souligner que le verbe « être », pas plus que la singularité du « je », ne fondent la pensée chinoise qui
                  ne se préoccupe ni du fondement ni de
                  l’origine. Dans sa triple
                  configuration taoïste, confucéenne et bouddhiste, celle-ci nous apparaît comme
                  un « fluide de processivité unitaire » qui
                  n’a d’autre sens que d’« entretenir et enrichir la vie (yăng shēng) » (F. Jullien).
  
                 
                La rencontre
                  entre la psychanalyse et la Chine est-elle dès lors condamnée en raison de cet
  « écart » considérable (et je n’oublie pas non plus les obstacles
  économiques et idéologiques lié au régime politique) ? Je ne le pense pas,
                  pour deux raisons. Non seulement la femme et l’homme chinois participent du
                  monde globalisé et intègrent ses logiques et ses pratiques, pour le meilleur et
                  pour le pire, depuis la révolution bourgeoise de 1919, en passant par le
                  communisme et enfin par son adaptation à la globalisation aujourd’hui. Mais
                  surtout parce que la psychanalyse elle-même, tout en étant l’héritière de
                  l’onto-théologie grecque-juive-chrétienne (celle de « Moïse » selon
                  Pascal), n’en est pas moins issue de sa déconstruction dans et par la philosophie moderne et les sciences humaines.
                  La psychanalyse opère en effet – plus que d’autres
                  disciplines – une refonte de cet héritage, de ses catégories et de
                  ses visées, de leurs langages même, de par le statut de l’association libre et de l’interprétation. Autant de traits spécifiques, selon moi, des atouts
                  qui rendent la psychanalyse capable non seulement d’élucider des expériences
                  humaines hétérodoxes à son héritage classique, mais de se moduler elle-même, et
                  de se réinventer continûment dans cette recherche.
  
                
                La psychanalyse
                  freudienne est cette révolution de la pensée européenne dont nous n’avons pas
                  encore pris toute la mesure, qui ne censure pas l’apport spécifique du « Je suis » gréco-judéo-chrétien, sa
                  découverte axée sur l’unité du singulier, sur une subjectivité maîtrisée et maîtrisante, mais qui ne les absolutise pas non plus. Sans
                  les absolutiser donc, la psychanalyse les inscrit au
                  sein du complexe d’Œdipe et de la fonction paternelle. Pour tisser, avec eux,
                  et autour d’eux, une véritable panoplie de structures psychiques, de leurs
                  catastrophes et de leurs créativités qui, par leurs ambiguïtés, ambivalences et
                  recompositions, traversent et reconfigurent les dichotomies transmises par
                  l’onto- théologie : corps/âme, nature/culture, voire féminin/masculin. De
                  telle sorte que ce juif athée que fut Freud, s’il ne devient pas vraiment un
                  chinois avec un corps taoïste, nous donne les moyens de relever et d’interroger
                  les nombreux écarts vis-à-vis du « Je suis »,  qui spécifient les variétés des
                  expériences humaines.
  
                
                 
                Oui, il est
                  urgent, comme le voulait déjà Pascal, de « mettre papiers sur
                  table », d’ouvrir l’immense archive chinoise, de sonder ses spécificités
                  par rapport aux modes de pensées européens, qui ne sont
  « universels » que s’ils sont capables de se modifier et de se mettre
  à l’unisson avec l’expérience exo-topique des cultures émergentes.
  
                
                 
                Mais surtout, et
                  je le dis solennellement à ce Forum International aujourd’hui, n’oublions pas l’apport véritablement révolutionnaire que
                    représente la psychanalyse dans le contexte de la culture occidentale. Un
                  apport que ni les sinologues (de Marcel Granet et Henri Maspero à Kristofer Schipper), ni les
                  philosophes (François Jullien) ne prennent en considération quand ils abordent
                  la rencontre de l’Europe et de la Chine soit sous l’angle de l’universalisme,
                  soit sous celui du relativisme : les uns ayant tendance à assimiler,
                  réduire, intégrer la différence chinoise dans nos modes de penser ; les
                  autres courant le risque d’accorder une supériorité au monde chinois, au regard
                  d’un Occident figé dans ses catégories métaphysiques, fatigué et dépassé.
  
                
                 
                A l’universalisme
                  caricaturé comme s’il n’était qu’un colonialisme avide de phagocyter autrui,
                  succèderait une nouvelle hiérarchie dans laquelle l’exo-topique chinois est
                  appelé à la rescousse pour revitaliser une pensée occidentale verrouillée et
                  immobile sans cet amphétamine. Prise dans le jeu du refoulant (l’Occident) et
                  du refoulé (la Chine), la revendication du relativisme oublie que ceux-là même
                  qui la pratiquent développent leur raisonnement dans le fil de la pensée
                  contemporaine, au carrefour de la philosophie, de ses démantèlements et
                  déconstructions, ainsi que des sciences humaines qui leur succèdent. C’est bien
                  avec les outils de ces pensées-là que les relativistes repèrent et détaillent
                  les écarts de la pensée chinoise ; tandis qu’au contraire le taoïsme, le
                  confucianisme et le bouddhisme ne possèdent ni l’intention ni les moyens
                  d’interpréter l’héritage culturel gréco-judéo-chrétien, et encore moins de
                  proposer des passerelles entre les diversités culturelles d’un nouvel
                  universalisme.
  
                
                 
                Je soutiendrai
                  d’abord qu’il existe une véritable hétérogénéité entre nos modes de vivre et de
                  penser, qu’il importe de mettre en évidence afin d’élucider la singularité
                  irréductible avec lesquelles la femme et l’homme chinois abordent des
                  expériences aussi fondamentales pour la psychanalyse que le « corps »
                  et l’« âme », la « mère » et le « père », la
  « femme » et l’« homme », mais aussi le « langage »,
                  l’« écriture », ou encore le « sens » et la
  « signification ».
  
                
                 
                Je rappellerai
                  ensuite que la transvaluation de ces expériences et catégories par la
                  psychanalyse nous donne d’ores et déjà la possibilité d’aborder les écarts
                  chinois non pas comme des étrangetés énigmatiques, mais comme des facettes de
                  la psycho-sexualité certes centrée sur l’Œdipe, mais ouvrant aussi sur d’autres
                  configurations.
  
                
                 
                Je conclurai
                  cependant qu’une meilleure connaissance des analysants hommes et femmes chinois
                  nous invite à mieux appréhender ces « écarts » et à en tenir compte,
                  afin d’éviter la tentation du normativisme et du réductionnisme qui peut tenter
                  aussi la psychanalyse, et de diversifier cette écoute des singularités humaines
                  qui spécifient l’éthique de la psychanalyse.
                  
                
                
                   
                
                
                   
                
                
                  
                  II.      
                  
                  Corps,
  âme, personne : quel soi chinois ?
  
                  
                
                   
                
                L’Iliade distinguait
                  déjà l’âme des combattants, psuché associée à leur tête (« Comme un fantôme dans un
                  songe », « vaporeuse », « elle s’envole au loin »), de
                  leur thumos, le
                  corps siège de l’énergie et du courage. Mais c’est Socrate dans le Phédon qui sépare l’âme du corps,
  « isolée en elle-même » (64c-d), avant qu’Aristote ne la déclare
  « cause » et « principe » du corps, et que l’on discute de
                  son immortalité. Et bien que le « psychique » ne corresponde plus à
                  cette âme-là, la pensée occidentale du « for intérieur », avec la
                  prière chrétienne dans laquelle l’âme voyage vers Dieu et jusqu’à
                  l’« appareil psychique » de la psychanalyse, véhiculent cette
                  archéologie de la séparation psyché-soma héritée de l’ontologie grecque. On
                  n’insistera jamais assez sur le remaniement freudien de cette dichotomie, par
                  le « dualisme freudien » qui maintient les « représentations
                  psychiques » pour mieux en articuler la diversité avec les
  « pulsions », elles-mêmes déjà d’emblée « psycho-somatiques ».
                  J’ai moi-même insisté sur l’« hétérogénéité », toujours déjà psychique
                    - et - physique des constituants freudiens de l’« appareil
                  psychique », que maints auteurs (de Klein à Bion ou André Green, et d’une
                  autre façon, Lacan) ont développé et enrichi.
  
                
                Au contraire, en
                  Chine, le chamanisme manie des « âmes vagabondes » sans unifier la
                  notion. Chez le taoïste Zhuangzi, l’âme serait l’intérieur de la forme
                  physique, toujours dans la perspective d’un potentiel vital : un principe
                  d’animation (plutôt qu’une entité
  « âme ») se détachant progressivement de l’être physique ; le
  « fin », le « subtil » (jing) (on pense à un effet similaire à celui de la
  « sublimation » en psychanalyse ?) ; la « quintessence
                  qui se renouvelle », partie intégrante d’un processus d’épuration et de
                  dégagement progressif. « Nourrir la quintessence » signifie ainsi
                  aiguiser les capacités et se maintenir en vie.
  
                
                 
                On comprend dès
                  lors que la Chine n’ait pas élaboré une apologie de l’Amour–Agapè, comme monologue ou dialogue de l’âme,
                  mais conçoit l’amour comme une émotion ou régulation sexuelle cosmique. De
                  même, il s’ensuit que le transfert
                    vers l’Autre, le culte de l’Altérité, n’existe pas comme visée d’un
                  plan distinct. La transcendance ne serait que l’ouverture d’une autre dimension
                  dans le tangible et le concret. Ainsi, Confucius distingue l’« état physique »
                  de « ce qui employait cet état physique », c’est-à-dire sa « capacité » (de), et dit qu’un corps mort
  « n’a pas perdu son âme », mais sa « capacité » (de). Il en découle que la pensée
                  chinoise, « sans âme », n’opère pas à partir de la notion de subjectivité se transférant à une altérité, mais à partir de celle d’une
  « efficacité communicative », invisible, découlant de l’appartenance
                  humaine au tao. Capacité céleste, interne à la processivité naturelle.
  
                
                 
                Plus encore,
                  cette « capacité communicative » ne dissout pas seulement notre âme, elle dilue aussi le corps. Wéi xíng (為形 ), mon corps chez Zhuangzi, ou plus exactement « ma
                    forme actualisée ». C’est dire que la notion de corps est graduelle, et
                    qu’elle apparaît comme une modification continue. Sans « essence »,
                    sans individuation, il n’y a pas non plus de concept de « matière »,
                    mais de « matérialisation » par concrétion continue, intégrant la
                    mort elle-même. On saisit alors ainsi que dans cette dimension processive de
                    l’existence, le deuil tragique n’a pas de place, puisque la mort elle-même
                    nourrit la vie du corps processuel (F. Jullien, p. 57-76).
                    
                 
                Si l’on apprécie
                  la souplesse et l’adaptabilité de ce dispositif, on n’en aperçoit pas moins ses
                  limites. La morale contraignante des codes et rituels confucéens, leurs
                  interdits rigides voire tyranniques (comme la soumission du sujet au souverain,
                  celle du fils au père, de la femme au mari) ne restent-ils pas un symbolisme
                  nominaliste, extérieur et intrinsèquement dictatorial, en raison de l’absence
                  de subjectivation, de l’introjection de l’Un (dirait la psychanalyse) par une individualité ? Autrement dit, une « peau
                  morte », aussi despotique que sans prise réelle sur le processus
                  vital ?
  
                
                 
                Un exemple
                  historique témoigne des embarras dans lesquels se trouve la pensée occidentale
                  devant ces corps et âmes processuels, mais aussi des innovations auxquelles ils
                  conduisent les penseurs hardis. Lorsque le Père Longobardi interroge ce qu’il appelle « la religion des Chinois » (Traité, 1701), il considère que les Chinois ne connaissent pas « notre Dieu »
                  (entendant par là le Dieu des catholique : le Père, le Fils et le Saint
                  Esprit), car l’Empereur Céleste, Shang-di, n’est qu’un
                  attribut, qualité ou réalité phénoménale de la LI 理 : matière pourvue de façon immanente d’« opération »,
                    d’« ordre », de « règles », d’« action », de
  « gouvernement », c’est-à-dire de « causalité ». Il
                    n’échappe pas au savant jésuite que cette sorte de loi - LI - peut conduire à
                    l’athéisme les lettrés qui la partagent ; tandis que les divers
  « esprits » et « divinités » qui s’y rapportent ne sont
                    destinés qu’à une sorte de religion pour le peuple et se limitent au rôle de
                    gardiens de l’ordre social. Plus encore, cette causalité immanente à la matière
                    qu’est la LI suppose une dichotomie radicale entre deux termes (vide/plein,
                    vie/mort, ciel/terre, etc.), dont elle assure l’harmonie, sans qu’on puisse
                    parler de la moindre unicité entre les deux éléments, lesquels restent
                    dissociés dans leurs combinatoires mêmes. Un problème surgit dès lors :
                    sans unité, quelle vérité pourrait advenir ? Ce genre de « matière
                    causale » peut-elle révéler de la vérité ?
  
                 
                Le commentaire de
                  Leibniz (1646-1716), au contraire, fait évoluer cette causalité immanente vers
                  un rationalisme novateur. La LI serait, à ses yeux, une « substance
                  subtile accompagnée de perception ». « Ils [les Chinois] disent la
                  vérité dans les créatures », « car peut-être ces vies, savoir,
                  autorité en Chinois, sont pris anthropopatos »
                  (« Dieu » se voyant attribuer des qualités humaines). Leibniz
                  serait-il le visionnaire d’un humanisme à la chinoise ? Une
  « vérité » et un « humanisme » à la chinoise, dont l'énigme
                  nous échappe encore? Une pure Raison, laquelle, bien loin d’être cartésienne,
                  frappe Leibniz par ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une spécificité de
                  l’expérience chinoise : concrétude, préoccupation permanente de la logique
                  du vivant et du social, indistincte d’une préoccupation ontologique de soi. Il
                  y aurait un « soi » indissociable de ses appartenances cosmiques et
                  politiques: un « soi » qui ne serait donc pas un
  « individu », mais un point d’impact dans lequel s’actualise une
                  combinatoire infinie de forces et de logiques. Nous voici au coeur des questions que rencontrent l'humanisme et la
                  démocratie, au contact avec la Chine.
  
                
                 
                Cette expérience
                  ou cette pensée chinoise serait-elle intrinsèquement rebelle au concept
                  d’une individualité libre et susceptible de vérité, qui éclôt dans l’histoire complexe des croisements grec/juif/chrétien, incluant leur
                  greffe musulmane ? L’histoire chinoise ne manque pas de confirmer pareille
                  crainte. Pourtant, n’est-ce pas cette même « ontologie de soi
                  indissociable de la logique du vivant et du social », spécifiant
                  l’individu selon l’expérience chinoise, qui paraît également susceptible de
                  receler des « droits de l’homme » d’une autre espèce, en plus grande
                  harmonie avec les lois du cosmos et des conflits sociaux ? A condition de
                  déplier la complexité des désirs et des actes signifiants qui constituent le
                  for intérieur d’un tel « soi » chinois, sa spécificité comparée à
                  celle européenne, toujours déjà ouverte aux désirs et actes signifiants de son
                  environnement naturel et social?
  
                
                 
                Les
  « énigmes » de l’expérience chinoise ne peuvent se laisser
                  appréhender que si le discours
                    interprétatif devient capable d’aborder deux continents qui échappaient à la
                    métaphysique occidentale. Je veux parler d’une part, du rôle spécifique
                  de la femme et de la mère, et d’autre part de l’indissociable
                  appartenance du sens du langage à  la fois à la musique (langue à ton)
                  et au geste (c’est-à-dire au corps).
  
                
                 
                
                  
                  III.    
                  
                  Famille
                    matrilinéaire, yin et yang, bisexualité.
  
                
                 
                Lors du premier
                  voyage que j’ai effectué en Chine en Mai 1974, avec Philippe Sollers et Roland
                  Barthes (nous étions la première délégation d’intellectuels invitée après
                  l’admission de la Chine à l’ONU), nos hôtes nous montraient avec fierté des
  « preuves archéologiques » du « matriarcat » en Chine
                  antique. Dans la région de Xi’an, des fouilles ont révélé l’existence de
                  nécropoles au centre desquelles se trouvait installée la Mère. Autour d’elle
  étaient exposés les squelettes des autres membres de la famille, sans doute
                  selon un rite funéraire à deux temps : tombes séparées des deux sexes
                  d’abord (les mères enterrées avec les enfants d’un côté, les hommes de
                  l’autre), disposition de la famille autour de la Grande Mère enfin.
  
                
                 
                Dans la
                  mythologie chinoise, c’est la déesse Nüwa女媧 qui
                    a crée les premiers humains avec de la glaise, et leur a donné le pouvoir de
                    procréer. Divinité du mariage et de la fécondité, elle est la sœur et l’épouse
                    de Fuxi 伏羲, ils sont les deux des trois Augustes
                      dans la légende. Inventrice de 瑟 Se, une sorte de cithare, c’est aussi elle
                        qui a réparé le ciel déchiré à cause de la guerre déclenchée par les dieux de
                        l’eau et du feu.
  
                 
                L’idéogramme
                  chinois 姓 xing qui signifie le nom ou le nom de
                    famille, est composé du pictogramme 女 nü, femme, à gauche du complexe phonique 生 sheng, croître, naître, vie. Contrairement au Nom du père en occident, le nom chinois
                      est le nom de la femme-mère,
                      littéralement : né de la femme… Le nom de famille chinois était donc à
                      l’origine le nom du clan à l’époque matriarcale, un nom féminin. Ainsi, les
                      huit grands noms de la haute antiquité chinoise étaient tous composés avec le
                      pictogramme 女 nü, femme.
  
                 
                Des recherches
                  anthropologiques récentes attirent l’attention sur une minorité ethnique,
                  toujours présente en Chine moderne, à la frontière des provinces de Yunnan et
                  du Sichuan – les Na – où l’on ne se marie généralement
                  pas et où, puisqu’il n’y a pas de mariage, il n’y a pas de père, fût-il social.
                  Les seuls rapports se trouvent par conséquent réduits à des rapports entre
  « individus » (mais nous savons déjà que le mot est impropre,
                  dirait-on des « agissants » ?) liés entre eux par les femmes.
                  Les Na n’ont pas de terme dans leur langue pour dire « père » ou
  « mari », la société étant composée de matrilignées descendant d’une ancêtre commune, et divisées en groupes
                  de sœurs et de frères vivant sous le même toit et élevant en commun les enfants
                  des sœurs, ainsi que ceux des générations précédentes (grands-mères, grands-oncles, grands-tantes, mères, tantes etc.). Ce sont
                  les hommes qui viennent « visiter » les femmes, une, deux ou
                  plusieurs sœurs, et aujourd’hui encore, dans un village Na, une pièce spéciale
                  est réservée à la femme qui sera visitée par « la pluie » ou
  « le vent » d’un visiteur. Les hommes occupent la place de
                  l’« objet d’échange » entre femmes, et c’est l’oncle maternel qui
  élève l’enfant. Les échanges sexuels sont des échanges de
  « substances », et non entre « individus », et ainsi ne
                  créent pas d’alliance (M. Godelier, p. 396).
                  L’inceste reste toutefois prohibé entre membres consanguins de la même maison.
                  
                
                 
                Or cette emprise
                  maternelle ainsi que le rôle vital attribué à la
                  substance sexuelle, notamment mâle, semblent sous-jacents à une riche variété
                  de techniques érotiques qui commandent la sexualité taoïste. Ainsi, dans Le Livre de la Cour Jaune, d’innombrables interdits sont
                  imposés à l’homme pour retenir sa semence, rendre possible sa jouissance et se
                  protéger de la Mère au désir vampirique. Henri Maspero déduit que les
  « jours néfastes » et/ou interdits de sexe sont si nombreux, qu’il
                  n’en reste que quelques uns par an pour faire l’amour ! Afin d’échapper à
                  la Mère lubrique, le taoïsme se fait machiste et recommande à l’homme de
                  multiplier les partenaires d’une nuit, de préférence très jeunes car ignorantes
                  de secrets érotiques. D’autres textes décrivent des rites orgiaques, comme le
                  rituel de l’Union des souffles, que
                  le couple exécute sous la direction d’un Maître, dans une chorégraphie raffinée
                  de respirations et de visualisation des organes intérieurs du corps, qui miment
                  les énergies cosmiques, homme et femme assumant alternativement le rôle actif
                  et passif. Des reliquats de ces pratiques hiérogamiques se retrouvent dans l’Alchimie intérieure : accouplement où les partenaires
                  tentent l’abandon total, l’absence de pensée et de sensation (ni vue ni ouïe),
                  et tentent de redevenir embryon, de retrouver l’appartenance de la Mère à son
                  embryon et inversement – cette « alchimie »  étant   décrite comme une immersion dans
                  le Tao originel où le yin naît naturellement
                  dans le yang, et le yang
                  naturellement dans le yin. En écho à
                  Laozi, c’est le corps d’un Vieil Enfant qui est ainsi recherché, sans père,
                  mais redevenant sa propre mère, cette jouissance régressive étant vécue comme
                  un accès à l’immortalité.
  
                
                 
                Sans véritable
                  interdit de l’inceste, sollicitant le corps morcelé et la bisexualité, déniant
                  la mort par le fantasme d’un retour à la vie intra-utérine, ces pratiques
                  ravivent la trace inconsciente de la mémoire matrilinéaire, l’extrême fragilité
                  voire la censure de la fonction paternelle, ainsi que la castration
                  individuante. Tel un envers de la circoncision biblique du sexe mâle, c’est le
  « pied bandé » de la femme qui punit et, de ce fait, ce rituel reconnaît
                  la jouissance impérieuse du yin féminin.
  
                
                 
                Et ce sera la
                  mission du culte confucéen des ancêtres d’imposer, par ses rituels rigides, un
                  vernis de morale patriarcale féodale afin de contenir l’érotisme de ce corps
                  taoïste cosmique. Cela sera donc sa mission d’encadrer une jouissance dont on
                  aurait tort de penser qu’elle « laisse froide la nôtre » (Lacan, Télévision), ou encore de la qualifier
                  comme perverse, tant elle se rapproche de l’extase innocente d’un narcissisme
                  polymorphe, interne aux états limites, que l’expérience clinique commence à
                  nous faire connaître et à découvrir dans la tradition mystique de l’Occident
                  entre autre.
  
                
                 
                Si j’évoque ces
                  excès légendaires de l’érotisme taoïste, c’est parce que, de manière plus
                  secrète, préconsciente et inconsciente, ces logiques structurent la
                  psycho-sexualité dont témoignent aussi bien le roman
                  que le cinéma chinois moderne. Il en découle la certitude d’avoir une dualité
                  psycho-sexuelle (dépendance clivée vis-à-vis de la mère comme du père), une bisexualité déculpabilisée qui ne serait pas strictement « psychique »,
                  puisque corps et âme s’entremêlent dans le « nourrir la vie »
                  processuel, et ceci plus fortement que ne le font d’autres cultures, notamment
                  l’Occident chrétien dominé par le modèle patrilinéaire. Trait significatif
                  entre tous, bien que Yin et Yang se combinent dans
                  chacun des deux sexes des deux côtés de la différence sexuelle, cette
                  cohabitation interne n’efface pas la différence externe, bio-physiologique et sociale entre un homme et une femme. Elle favorise au contraire le couple
                  procréateur, tout en accordant à la jouissance féminine une place centrale et
                  une « essence Yin » inépuisable. D’où cette question pour une future
                  recherche en psychanalyse : quid alors de la mère chinoise, de l’érotisme maternel chinois frôlant celui de
                  l’amante ?
  
                
                
                   
                
                
                  
                  IV.     
                  
                  Langue,
                    musique, écriture.
  
                  
                 
                Les
                  particularités de la langue chinoise ne sauraient échapper à l’écoute attentive
                  de l’analyste. Sans morphologie, déclinaison ni conjugaison, ne séparant pas
                  morphologiquement le substantif de l’adjectif, ignorant le verbe « être »,
                  pensant par polarités (le mot « chose » se dit en terme d’oppositions
                  complémentaires : dōng xi, littéralement est-ouest), l’énoncé
                    chinois obtient son sens définitif dans la réception par le destinataire de
                    l’ensemble du message, avec son contexte et en y ajoutant la mémoire du lien dialogal. En ce sens, il s’agit d’un véritable
  « transfert », qui ne manque toutefois pas de précision, assurent les
                    amateurs de messages clairs. Wittgenstein le rappelait : « L’essence
                    est exprimée dans la grammaire » (Recherches philosophiques, § 371). Tel
                    un nageur dans la processivité du flux verbal,
                    l’interlocuteur chinois se forme d’emblée, de par cette grammaire spatiale,
                    comme un interprète hyper-vigile et polymorphe.
  
                 
                Je voudrais
                  souligner un autre aspect de l’idiome chinois qui enrichit encore davantage sa
                  fluidité : sa musicalité qui, comme celle d’autres langues (comme le vietnamien
                  par exemple) conserve et développe l’empreinte des capacités pré-linguistiques
                  de l’infans dans lesquelles s’est déposée la trace du lien précoce mère-enfant. La
                  sémiologie contemporaine connaît cette temporalité du nouveau-né qui n’est pas
                  encore un sujet parlant, mais qui fait sens avec ses intonations-vocalises-écholalies, avec du sémiotique selon ma terminologie ;
                  mais qui n’est pas encore capable de construire une signification avec des
                  phonèmes, morphèmes et syntaxe, qui n’a donc pas de performance symbolique toujours selon ma
                  terminologie (Kristeva, 17-100). Tout enfant, de quelque langue que ce soit,
                  développe du sémiotique ; mais
                  seule la langue tonale conserve et déploie cette capacité sémiotique en
                  l’intégrant dans le symbolique, en la
                  rendant signifiante dans la communication linguistique. Si je dis
  « table », en français, avec une intonation montante ou descendante,
                  cela signifie toujours « table » ; mais si je dis « ma »
                  en chinois avec une intonation haute, montante, descendante ou légère, le mot
                  change de sens : « mère », « cheval »,
  « gronder »,  on ne
                  compte pas moins de dix-sept significations diverses en ajoutant le graphisme.  Seule la langue tonale porte les traces
                  de l’interdépendance précoce mère-enfant et les intègre, les transfère ou les
  « socialise » dans l’usage adulte.
  
                
                 
                L’écriture
                  elle-même, imagée à l’origine, puis de plus en plus stylisée, abstraite,
                  idéogrammatique, préserve son caractère évocatif,
                  visuel et gestuel. Une mémoire du mouvement est exigible, en plus de la mémoire
                  du sens, pour écrire en chinois. Elle s’ajoute à la phonétique pour donner des
                  sens différents à la même syllabe avec le même ton. Les composantes du
                  graphisme relevant de couches psychiques plus archaïques que celle du sens
                  syntaxique-logique, l’écriture chinoise pourrait être considérée comme un dépôt inconscient sensoriel dont le
                  sujet pensant en chinois ne serait jamais définitivement coupé, et qui est le
                  laboratoire par excellence de ses évolutions, de ses innovations, et de ses
                  résurrections.
  
                
                
                   
                
                
                  
                  V.       
                  
                  Des
                    Chinois parmi nous.
                    
                  
                 
                Que nous
                  apprennent donc ces spécificités de la culture chinoise, quant à sa possible,
                  ou son impossible rencontre avec la psychanalyse ?
                  
                
                Il est impératif
                  de former des analystes chinois : il faut pour cela qu’ils se mettent à
                  l’étude des divers courants de la psychanalyse, mais aussi de leur propre
                  tradition culturelle, négligée ou déformée par le totalitarisme, mais que de
                  nombreux intellectuels commencent aujourd’hui à se réapproprier et à réévaluer.
  
                
                Si nous prenons
                  en analyse des femmes et des hommes chinois s’exprimant en français, anglais,
                  etc. sur nos divans, il est indispensable pour l’analyste de se familiariser de
                  son mieux avec la spécificité de la pensée chinoise – tâche
                  difficile, passionnante et véritable enjeu de civilisation, particulièrement
                  pour la psychanalyse. Ne sous-estimons pas le développement de la recherche
                  moderne en sciences humaines et en psychanalyse elle-même. J’ai mentionné
                  l’analyse des langues tonales, que je propose en référant mes observations de
                  sémioticiennes à la psycho-sexualité des liens précoces mère-enfant. Je
                  pourrais mentionner aussi les travaux récents sur l’érotisme maternel.
  
                
                 
                Avant la
                  séparation entre sujet et objet du désir, l’analyste repère le
                  statut du corps maternel comme « chose » (Das Ding selon Lacan, adaptant Heidegger), autrement dit pas encore
  « objet du désir » mais pôle d’agrippement et/ou véritable
                  possession, qui réapparaît dans la « chose » du mélancolique ou du
                  dépressif, dont celui-ci est incapable précisément de faire ce deuil qui
                  prélude à la mise en place d’un « objet » séparé du «sujet ». Ou
                  encore, cette autre économie de la psycho-sexualité antérieure à la
                  cristallisation du duo sujet/objet, mais où l’attraction mêlée au rejet
                  réduisent la mère et l’enfant à des abjets, dans une
                  indissociable abjection. Ou encore, l’investissement vital et vitalisant,
                  par delà la possible emprise voire la destructivité, par la mère du nouveau-né
                  qui devient le premier autre, que j’ai appelé une reliance : à distinguer de la religion qui relie à la fonction paternelle comme pôle d’investissement idéal et/ou
                  symbolique. Autant de relais qui
                  précèdent et excèdent l’apparition de l’Œdipe précisément, et son corrélat
  – la castration, et qui nous permettent de penser aussi les écarts
                  de la subjectivité chinoise, telle que la livre la sinologie moderne.
  
                
                 
                A ceux qui,
                  relativistes fascinés par l’exo-topie de l’homme et
                  de la femme chinois, doutent de nos capacités occidentales de l’entendre et de
                  la rencontrer, je donnerai trois exemples pour conclure qui plaident en faveur
                  de la possibilité d’une telle rencontre.
  
                
                 
                Le premier cas
                  est celui d’un lettré chinois, qui fut mon professeur, et qui me vantait les
                  avantages de cet univers chinois, fait de vitalité adaptative et de processivité permanente, défiant nos catégories binaires
                  statiques, mais qui dans le même temps m’avouait : « Quand la
                  dépression nous saisit, je n’ai aucun recours. Il me manque un objet à
                  investir, quelqu’un en qui croire. » Il lui restait alors à s’adresser
                  soit à la religion du salut ; soit à la psychanalyse pour apprendre le
                  transfert, cet investissement de l’autre, paternel et maternel pour commencer,
                  grâce auquel la séparation mais aussi la perte deviennent tolérables.
  
                
                J’ai été
                  confronté au second cas, après avoir donné à l’Université de Pékin une
                  conférence sur le « génie féminin », lors de laquelle j’avais salué
                  l’émancipation des femmes chinoises (unique dans les pays émergents et
                  s’appuyant sur cette tradition que je viens de retracer aujourd’hui à grands
                  traits. S’il n’y a pas en effet de « Droits de l’Homme » en Chine
                  aujourd’hui, il est toutefois relativement possible de revendiquer des
  « droits de la femme » et nous avions accordé le Prix Simone de
                  Beauvoir à une juriste et à une vidéaste chinoises. A l’issue de la conférence,
                  un étudiant, très angoissé, m’a alors posé cette question : « Madame,
                  qui va nous sauver des femmes ? Nous, les hommes, sommes bafoués, nous
                  n’avons le choix qu’entre la violence conjugale et l’homosexualité pour nous
                  protéger ». J’ai entendu que la bisexualité ne donne pas automatiquement
                  accès à une jouissance singulière, et que l’« alchimie intérieure »
                  taoïste avec ses plaisirs polymorphes ne saurait remplacer la perlaboration de
                  la violence et l’accès à l’altérité que vise l’expérience analytique.
  
                
                 
                Enfin, des écarts
  « chinois » ne manquent pas dans la culture européenne, et notamment
                  dans la littérature. Je pense à Colette qui, dans Le Pur et l’impur, glorifie une
                  homosexualité féminine primaire devenue mode de vie
                  paradisiaque (les « Dames de Llangollen »),
                  mais aussi l’inceste mère-fils du Blé en
                    herbe avec une innocence infantile qu’elle oppose à la culpabilité de l’homosexuel chez Proust et à sa « race maudite ». Colette
                  serait-elle comme le sage taoïste, qui « seul se nourrit de la
                  mère » ? Marguerite Yourcenar s’en doutait peut-être, lorsqu’elle la
                  disait « aussi compliquée qu’une vieille Chine » ? Je vous
                  recommande aussi la lecture des romans de Philippe Sollers, mélange d’infantile
                  et d’incestuel, et le livre de Jean-Michel Lou, Corps d’enfance, Corps chinois. Sollers
                  et la Chine (Coll. Infini, Gallimard, 2012).
                
                 
                Si les Chinois
                  ont donc beaucoup à nous apprendre sur le narcissisme polymorphe et les états
                  limites dans ce qu’ils ont d’endogène, ainsi que sur la sublimation, la
                  psychanalyse quant à elle, à condition de pouvoir les entendre, pourra beaucoup
                  apporter à ceux d’entre eux qui feront appel à nous. Afin notamment d’accéder à
                  l’être Autre, lequel n’est pas vraiment le salut, mais ouvre la voie de la
                  liberté et de ses risques. Autrement dit à une autre jouissance.
  
                
                Alors, lequel
                  est-il le plus croyable, Freud ou la Chine ? Parions qu’il n’y aura pas
                  domination de l’un sur l’autre, mais un « multivers » de croisements.
                  Mais d’abord, il reste à « mettre papiers sur table », et surtout à
                  beaucoup écouter, à risquer des transferts, et à analyser.
  
                
                
                   
                
                Julia Kristeva.
                  29.02.2012.
                      
                
                
                   
                
                
                   
                
                
                   
                
                Bibliographie :
                  
                
                Godelier Maurice, Métamorphoses de la parenté,
                  Paris, Fayard, 2004.
                  
                
                Granet Marcel, La
                  pensée chinoise, Albin Michel, 1934
  
                
                Jullien François, Nourrir sa vie, A l’écart du bonheur, Paris,
                  Seuil, 2005.
                  
                
                Kristeva Julia, La
                  révolution du langage poétique, Paris, Seuil, I974.
  
                
                Kristeva Julia, Des
                  Chinoises, Paris, Pauvert, 2010.
  
                
                Maspero Henri, Le
                  taoïsme et les religions chinoises, Paris, Gallimard, 1971.
  
                
                Schipper Kristofer, Le corps taoïste,
                  Paris, Fayard, 1982.
                  
                
                Schipper Kristofer, La religion de la Chine,
                  La tradition vivante, Paris, Fayard, 2008.