Toril
                    Moi
                  Duke
                    University
                  
                     
                  
                  Julia Kristeva et l’admiration des femmes
                  
                     
                  
                   “Lire Kristeva,” le mercredi 27 avril
                    2011
                  Amphi
                    Buffon, Université Denis Diderot (Paris VII)
                  
                     
                  
                  Je tiens d’abord à remercier mes
                    collègues à Paris VII, Bernadette Bricout, Jean-Patrice Courtois, et Frédéric
                    Ogée, qui m’ont invitée à participer à cet hommage rendu à l’oeuvre de Julia
                    Kristeva, l’une des plus grandes intellectuelles de notre temps. Je dois aussi
                    remercier mes amis Claire Bazin et Robert Fischer, professeurs d’anglais à Nanterre,
                    pour la traduction d’une première version de cette intervention. — Vous
                    aurez à lutter avec mon accent norvégien. Je suppose qu’on peut appeler
                    l’accent étranger une autre “configuration de l’altérité,” pour citer mon
                    collègue Jean-Patrice Courtois.
                  
                     
                  
                  *
                    * *
                  
                     
                  
                  Nous vivons dans une culture de la
                    critique. Parmi les intellectuels, l’herméneutique du soupçon prévaut depuis
                    les années 60. La culture de la critique nous fait croire que nous ne pouvons
                    prouver notre intelligence qu’en déconstruisant, en démontant, en révélant des
                    intentions cachées. En matière de critique littéraire, cela a conduit le
                    critique (littéraire) soupçonneux à se poser en figure héroïque, comme seul
                    capable de mettre au jour les graves erreurs intellectuelles et idéologiques de
                    l’auteur en question.
                              La
                    culture de la critique fait apparaître l’admiration comme simpliste. Elle
                    cherche à nous faire croire que l’admiration est incompatible avec
                    l’intelligence critique, qu’admirer n’est pas penser, mais se laisser emporter
                    par l’émotion. Les intellectuels ambitieux craignent que s’ils expriment leur
                    admiration, ils auront l’air naïf. La culture de la critique nous fait croire
                    qu’écrire avec admiration c’est accepter la soumission, se laisser dominer par
                    celui ou celle que nous admirons. L’admirateur, croyons-nous, est condamné à
                    devenir au mieux un disciple, au pire un simple fan.
                              Ainsi,
                    la culture de la critique superpose l’opposition entre masculin et féminin à
                    l’opposition entre critique et admiration, et ressuscite des oppositions binaires
                    dépassées : critique contre admiration, maître contre disciple, savoir contre
                    naïveté, raison contre émotion et masculin contre féminin. Selon cette logique,
                    les femmes naïves se répandent en admiration, tandis que les hommes savants
                    déploient leur maîtrise et leur intelligence dans la sérieuse activité intellectuelle
                    de la critique.
                              Il
                    est curieux que ces oppositions sont si peu remarquées et si peu discutées. Car
                    nous savons très bien qu’en réalité, l’admiration ne s’oppose pas du tout à
                    l’intelligence critique, ou à la raison. Au contraire : sans admiration, la
                    pensée sérieuse ne peut pas naître. Le plus grand penseur français, René
                    Descartes, le savait bien, car en 1644, dans son traité sur Les passions de l’âme, il écrit que
                    l’admiration est la première des passions, celle qui nous incite à penser,
                    celle qui nous pousse à connaître l’objet de notre admiration. Au temps de
                    Descartes, le mot admiration n’avait
                    pas exactement le même sens qu’aujourd’hui, et s’apparentait davantage à la
                    surprise et à l’émerveillement. Le dictionnaire explique qu’à l’époque, admiration voulait dire : “Étonnement
                    devant quelque chose d’extraordinaire ou d’imprévu.” Au fil du temps, le mot a pris la signification de “surprise
                        agréable,” “étonnement mêlé de respect, d’estime, d’approbation”, puis, dans
                        son utilisation moderne “sentiment de joie et d’épanouissement devant ce qu’on
                        juge supérieurement beau ou grand”. 
                              Même
                    pour ce qui est de la définition moderne, ce que Descartes entend par
                    admiration demeure pertinent. D’abord parce qu’il met l’accent sur la passion
                    du sujet pour l’objet : c’est au plus profond de moi que je suis saisi
                    d’admiration. Rien ne garantit que vous aussi serez pris de la même passion
                    pour la même chose. Ensuite, parce que dans le sens moderne d’admiration on
                    retrouve l’émerveillement : est-il possible de juger que quelque chose est beau
                    ou grand si cet objet ne nous a jamais inspiré le moindre sentiment
                    d’émerveillement?
                              Pour
                    Descartes, l’admiration nous transforme, en nous transportant au-delà de nos
                    limites habituelles : elle nous aide à apprendre, à grandir, à changer.
                    Descartes écrit que l’admiration est “l’arrivement subit & inopiné de
                    l’impression qui change le mouvement des esprits.” L’admiration nous incite à être attentif, nous invite à regarder
                        les choses de plus près: “L’Admiration est une subite surprise de l’ame, qui
                        fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objects qui luy semblent
                        rares & extraordinaires,” écrit Descartes. C’est la plus intellectuelle des passions, parce que l’ “admiration”
                            n’a qu’un seul objet: “la connoissance de la chose qu’on admire.” Cependant, si l’admiration bascule dans “l’Estonnement” pur, elle
                                perd toute valeur intellectuelle, parce qu’alors elle nous paralyse et nous
                                empêche de porter l’attention requise pour une connaissance approfondie de
                                l’objet.
                              L’admiration
                    est donc le pré-requis de la pensée qui cherche la connaissance. Cependant,
                    aujourd’hui, la culture de la critique nous a fait oublier comment lire avec
                    admiration. Or, le critique qui ne sait pas admirer, ne saura non plus trouver
                    la critique la plus pertinente. Le défi pour les intellectuels aujourd’hui est
                    de réapprendre l’art de l’admiration, de réapprendre l’art d’utiliser toutes
                    nos facultés intellectuelles pour tenter d’expliquer pourquoi nous pensons que
                    quelque chose vaut la peine d’être admiré et préservé pour les générations
                    futures.
                              Dans
                    notre culture de la critique, si une femme, une intellectuelle, exprime son
                    admiration pour quelqu’un, elle court aussitôt le risque de d’être étiquetée “disciple
                    soumise”. Il reste plus difficile pour les femmes que pour les hommes d’oser
                    aspirer à une vie intellectuelle. Or, l’admiration est le passeport qui nous
                    permet d’entrer dans la vie de l’esprit. Je ne suis pas sûre que je serais
                    jamais devenue une intellectuelle si je n’avais pas eu la chance d’être saisie
                    d’admiration pour deux femmes, qui m’ont donné le courage de penser par
                    moi-même. D’abord, Simone de Beauvoir, dont la vie et l’oeuvre m’ont fait
                    prendre conscience que quelque chose n’allait pas dans une culture qui offre
                    bien trop souvent aux femmes le prétendu “choix” (très mauvais) entre se
                    définir comme femmes (ce qui signifie le “choix” de nous emprisonner dans notre
                    féminité, définie comme la norme à laquelle les femmes doivent se conformer) ou
                    se définir comme des êtres humains “non-sexués” ou “non-genrés” (ce qui
                    signifie le “choix” – aussi  mauvais que le premier – de gagner accès à l’universel au prix du
                    sacrifice de notre propre expérience incarnée dans le monde). 
                              Puis,
                    il y a eu Julia Kristeva. Née en Bulgarie, elle est arrivée à Paris en Décembre
                    1965, à l’âge de 24 ans. Elle était assez jeune pour être complètement ouverte
                    aux expériences de sa génération telles qu’elles étaient vécues en France, et
                    assez âgée pour reconnaître que son point de départ était spécifique et
                    différent. De plus, c’était une femme. Pour la génération née au début des
                    années 40, la question du genre est devenue d’une importance cruciale. C’est la
                    génération qui a créé le mouvement des femmes, celle qui a recommencé à lutter pour
                    la liberté, l’égalité et la justice pour les femmes. Dans les années 60 et 70,
                    les jeunes femmes découvraient leur marginalité mais en même temps, le pouvoir
                    de la contester. Julia Kristeva a toujours soutenu la cause des femmes, mais
                    elle a aussi toujours pris soin de garder une certaine distance par rapport au
                    féminisme qu’elle considère trop dogmatique. Cette double relation, à la fois
                    proche et critique, jamais totalement en accord avec quelque mouvement ou
                    quelque position théorique que ce soit, caractérise son oeuvre, et sa vie. Kristeva
                    est après tout la femme que Barthes appelait “l’étrangère”, une étrangère dont le travail en linguistique, en sémiotique et en
                        psychanalyse l’a convaincue que “la vérité de l’être humain est son être
                        d’exilé.”
                              Ce
                    n’est sûrement pas par hasard que je n’ai pas découvert Kristeva avant mon
                    propre “exil.” J’ai vraiment commencé à la lire en 1979, à l’âge de 25 ans,
                    quand je venais de quitter la Norvège pour vivre en Angleterre. J’étais stupéfaite
                    quand j’ai lu le compte-rendu de l’arrivée de Kristeva en France. Apparemment,
                    à l’âge de 24 ans, elle s’était tout simplement présentée chez les penseurs et
                    les écrivains qui l’inspiraient, pour leur dire, sans ambages, que son ambition
                    était d’ “aller au plus loin possible dans mes capacités.” En 1980, dans la préface à Desire
                        in Language, premier recueil en anglais de ses essais, Kristeva écrit
                        qu’elle voulait porter la pensée “théorique à une incandescence qui enflammerait
                        catégories et concepts – sans même épargner le discours lui-même” (je
                        traduis de l’anglais). D’entendre une jeune femme s’exprimer si ouvertement sur ses
                            ambitions était une libération pour la norvégienne timide que j’étais à
                            l’époque.
                              Son
                    travail me’éblouissait. Julia Kristeva ne craignait pas d’aspirer aux sommets
                    intellectuels, et par conséquent, elle écrivait brillamment sur des sujets très
                    difficiles. En plus, elle était, comme moi, une étrangère écrivant dans une
                    langue très différente de sa langue maternelle. J’avais besoin de son exemple,
                    j’avais besoin d’entendre que non seulement c’était possible, mais peut-être
                    préférable d’écrire d’un point de vue semblable au sien : à la fois celui de
                    l’étrangère, de l’exilée et de la femme.
                              Je
                    trouvais Kristeva encore plus radicale quand elle disait que le fait d’être une
                    femme pourrait être un avantage pour son projet intellectuel : “Il était
                    peut-être aussi nécessaire d’être une femme pour tenter ce pari incroyable :
                    porter le projet rationnel jusqu’aux limites les plus extrêmes de l’aventure
                    signifiante des hommes”. Pour moi, cela était, et demeure, une position incroyablement
                        courageuse et créative. Kristeva ne tombait ni dans le piège de la “différence”,
                        ni dans le piège opposé, qui l’aurait contrainte à nier qu’elle était une femme
                        (je pense à toutes les femmes écrivains du XXème siècle qui ont éprouvé le
                        besoin de dire “je ne suis pas une femme écrivain” pour se défendre contre
                        l’accusation qu’elles ne sont que cela, ce qui explique, bien sûr, pourquoi les
                        hommes ne peuvent pas s’intéresser à leur travail.) En proclamant que sa
                        féminité et que ses ambitions théoriques jouaient de concert, Kristeva refusait
                        d’être entravée par le vieux dilemme sexiste, le “choix” entre le particulier
                        et l’universel, entre la feminité cliché et l’humanité abstraite, que Simone de
                        Beauvoir décrit si bien. 
                              Julia
                    Kristeva est l’auteur de tant d’oeuvres qu’il est impossible de toutes les
                    mentionner. Jusqu’à ce jour, son oeuvre peut être divisée en quatre périodes
                    majeures. Bien sûr chacune empiète sur la suivante; il n’y a pas de ligne de
                    démarcation rigide. La première a déjà fait date: c’est la période de la
                    sémiotique, de la “signifiance” et de l’intertextualité, période qui vit naître,
                    en 1974, l’ouvrage qui eut un immense retentissement, La Révolution du langage poétique. La seconde est la période très
                    psychanalytique des années 80, où elle se concentre sur les questions de
                    l’abjection, de l’amour, de la dépression et de la foi. Nombre de ses ouvrages
                    les plus connus, -- Pouvoirs de l’horreur (1980), Histoires d’amour (1985), Soleil noir (1987) –  datent de cette période. La troisième
                    commence dans les années 90 et est d’abord marquée par un regain d’intérêt pour
                    la littérature, très prégnant dans son livre sur Proust: Le temps sensible (1994), et par sa décision de se mettre à écrire
                    des romans: Les Samouraïs (1990), Le Vieil Homme et les loups, Possessions (1996), Meurtre à Byzance (2004). 
                              C’est
                    vers la fin des années 90 que Kristeva entame sa 4ème période : celle qui met
                    en avant son admiration pour les femmes. Bien sûr, Kristeva a toujours écrit avec
                    beaucoup de finesse sur les femmes et la féminité. Mais entre 1999 et 2002, la parution de sa trilogie sur Le Génie féminin, avec ses tomes
                        individuels sur Hannah Arendt,
                        Melanie Klein et Colette marque un tournant : c’est la première fois qu’elle se
                        penche sur le sujet des femmes comme productrices d’oeuvres qui ont une
                        véritable signification culturelle. Continuant en cette veine, en 2008 elle a
                        publié Thérèse mon amour, son énorme
                        ouvrage sur Sainte Thérèse. Ces quatre ouvrages totalisent plus de 2200 pages!
                        Il y a, bien sûr une différence importante entre le style intellectuel plutôt
                        contenu de la trilogie et le mélange débordant de fiction, d’autobiographie, de
                        biographie, et d’essai dans le livre sur Sainte Thérèse, et pourtant ce livre
                        prend sa source aux mêmes eaux que celles de la trilogie: l’admiration de
                        certaines femmes, qui fait naître le désir, chez Kristeva, de mettre leurs vies
                        et leurs oeuvres au centre du paysage intellectuel de notre propre époque. 
                              Dans
                    ces livres, par sa pratique de lecture même, elle remet en question la culture
                    de la critique. A la toute fin du Génie
                      féminin, elle note que:
                  [C]’est mon admiration pour ces trois
                    femmes qui domine ma lecture, et un sentiment de bienveillante adhésion qui
                    l’emporte en considérant leurs aventures sinueuses. D’aucuns, autour de moi,
                    ont pu dire que l’interprétation proposée ici était un gage de générosité. Si
                    les lecteurs confirmaient cette impression, ce serait le plus beau cadeau que
                    Arendt, Klein et Colette m’auraient offert, en révélant ainsi ce que la dureté
                    de la vie ne permet pas toujours de manifester. 
                  L’importance que Kristeva accorde à la
                    générosité de la lecture et à la lecture de la générosité nous montre comment
                    fonder notre lecture sur l’admiration. Sur ce point, Kristeva parvient à une
                    conclusion qui est très proche, par l’esprit, de la conception qu’a Simone de Beauvoir
                    de la lecture, qu’elle considérait comme une “authentique aventure spirituelle”
                    dans laquelle le lecteur doit vouloir “participer sincèrement à l’expérience
                    dans laquelle l’auteur tente de l’entraîner”. Selon Beauvoir, ce n’est que si la lectrice a vraiment tenté de suivre
                        l’auteur dans son aventure, qu’elle gagne le droit de critiquer, de prendre ses
                        distances par rapport à l’oeuvre.
                              Virginia
                    Woolf écrit que les romancières du 19ème siècle étaient confrontées à une
                    grande difficulté, à savoir qu’elles ne pouvaient s’appuyer sur aucune
                    tradition, ou bien que la tradition qu’elles pouvaient trouver était si réduite
                    qu’elle ne servait pas à grand’chose. Pour Woolf, c’était un énorme obstacle
                    pour les femmes créatrices: “Parce que si nous sommes des femmes nous réfléchissons
                    sur le passé à travers nos mères”. Woolf avait raison :  pour trouver leur propre voix, les femmes ont besoin de lire des oeuvres
                        écrites par d’autres femmes. Plus les femmes écrivent, plus elles inciteront de
                        nouvelles générations de femmes à s’exprimer. En choisissant d’écrire sur Hannah
                        Arendt, Melanie Klein, et Colette dans un esprit d’admiration et de générosité,
                        Julia Kristeva nous rappelle l’importance de construire une tradition intellectuelle
                        féminine, pas dans le sens d’une tradition monolithique mais au sens où chacune
                        d’entre nous ne peux trouver sa propre voix qu’à travers la découverte de ses
                        propres affinités intellectuelles parmi les femmes qui nous précèdent.
                              L’auteur
                    est donc un élément important dans Le
                      Génie féminin. Kristeva refuse de séparer l’auteur – le sujet parlant
                    – de son oeuvre. Dans mon propre travail, j’ai découvert la même chose.
                    Il est presque impossible d’écrire quelque chose de sensé sur une
                    intellectuelle, sur une auteur, sans prendre en compte sa situation spécifique,
                    les obstacles qu’elle a rencontrés, l’aide qu’elle a reçue. A la fin du Génie féminin, Kristeva découvre
                    qu’Arendt, Klein et Colette refusent de séparer la vie, la pensée, et
                    l’écriture : “elles identifient vie et pensée l’une à l’autre, au point d’atteindre
                    cette félicité extrême où vivre c’est
                      penser-sublimer-écrire.” En plus, toutes trois partagent “le souci de sauvegarder la vie de
                          la pensée parce que la pensée c’est la vie.” 
                              Ici,
                    encore, j’entends l’echo de la voix de Simone de Beauvoir, qui déclarait qu’en
                    vérité “il n’y a pas de divorce entre la philosophie et la vie.” Déjà à l’âge de 19 ans, dans ses Cahiers de jeunesse, Beauvoir note qu’elle vit sa pensée. Réflechissant sur la différence entre elle-même et
                        Merleau-Ponty, par example, elle écrit que “[J]’ai une sensibilité plus
                        compliquée, plus nuancée que la sienne et une plus épuisante puissance d’amour.
                        Ces problèmes qu’il vit avec son cerveau, je les vis avec mes bras et mes
                        jambes.”
                              Julia
                    Kristeva elle-même est une femme qui s’est vouée à “sauvegarder la vie de la
                    pensée.” Pour elle aussi “la pensée c’est la vie.” Elle aussi, sûrement,
                    atteint “cette félicité extrême où vivre
                      c’est penser-sublimer-écrire.” En nous montrant sa propre admiration des
                    femmes, Kristeva nous enseigne deux choses. D’abord que Virginia Woolf avait
                    raison : nous – les femmes – réfléchissons sur le passé à travers
                    nos mères. Ensuite, que si nous nous intéressons de près à leur travail –
                    je veux dire au travail de nos mères – nous comprendrons d’abord ce
                    qu’être une femme signifiait pour elles, et ensuite ce que cela signifie pour nous,
                    ici, maintenant. Admirer Julia Kristeva, c’est apprendre comment célébrer les contributions
                    singulières et spécifiques que les femmes apportent à notre culture et à notre
                    monde, sans les réduire à leur différence. Julia Kristeva nous enseigne comment
                    admirer les femmes. Elle mérite notre admiration.
                  
                     
                  
                  Toril
                  Moi
                  
                    
                  
                  OUVRAGES CITÉS
                  
                     
                  
                  Beauvoir, Simone de. Cahiers
                    de jeunesse 1926-1930. Ed. Sylvie Le Bon de Beauvoir Paris: Gallimard,
                    2008.
                      
                    
                  ———. L'Existentialisme
                    et la sagesse des nations. Paris: Nagel, 1948.
                      
                    
                  ———. “Littérature et métaphysique.” In L'existentialisme et la sagesse des nations.
                    103-24. Paris: Nagel, 1948.
                      
                    
                  Descartes, René. Les
                    Passions de l'ame. 1644. Ed. Geneviève Rodis-Lewis. Paris: Vrin, 1970.
                      
                    
                  Kristeva, Julia. Au Risque
                    de la pensée. Édition définitive préfacée par Marie-Christine Navarro. La
                    Tour d'Aigues: Éditions de l'Aube, 2001.
                      
                    
                  ———, ed. Desire in Language: A Semiotic Approach to Literature and Art.
                    edited by Léon S. Roudiez. Oxford and New York: Blackwell and Columbia Univ.
                    Press, 1980.
                      
                    
                  ———. Le
                    Génie féminin: La vie, la folie, les mots: Hannah Arendt, Melanie Klein,
                    Colette. 3 vols. Vol. 3: Les Mots:
                      Colette ou la chair du monde, Paris: Fayard, 2002.
                        
                      
                  ———. Seule
                    une femme. Préfacée de Marie-Christine Navarro. La Tour d'Aigues: Editions
                    de l'Aube, 2007.
                      
                    
                  Moi, Toril. “‘I am not a woman writer’: About women,
                    literature and feminist theory today.” Feminist
                      Theory 9, no. 3 (2008): 259-71. 
                        
                      
                  ———. Sex,
                    Gender and the Body: The Student Edition of What Is a Woman? Oxford: Oxford
                    University Press, 2005.
                      
                    
                  Woolf, Virginia. A Room
                    of One's Own. 1929. New York: Harcourt, 2005.